E n piste pour cinq jours de folie ! De vendredi à mardi, ici, c'est l'Egypte. Courrez à Saint-Gervais, trois compagnies cairotes viennent pour la première fois à Genève… Sous le titre De l'individuel au collectif, vous découvrirez la troupe éphémère formée par Salam Yousry. Les treize Genevois recrutés par le musicien et metteur en scène nous promettent « le son de la rue helvétique ». Avec Les Nuits El Warsha de

la troupe du pionnier Hassan El Geretly, véritable « Egypte en miniature », vous verrez défiler dix siècles de tradition scénique. Les tenants et les aboutissants de la révolution de la place Tahrir vous échappent ? Le spectacle de Laila Soliman, Hawa El Horreya, devrait vous aider à y voir plus clair. Cinq soirées, trois compagnies, un seul tarif. Et puis n'oubliez pas : mardi prochain, c'est la Première du Fantasme de l'échec, une pièce documentaire foisonnante d'inventivité signée Véronique Bettencourt.

par Daniel Vuataz

La dernière fois que vous avez vu une pièce de théâtre égyptien, c'était quand ? On a beau vivre dans un pays – et, à plus forte raison, une ville – où se côtoient plus de 190 nationalités, il faut bien avouer que ce n'est pas dans les programmes des théâtres que cette diversité transparaît le mieux. Et pourtant, quel meilleur lieu de rencontre que celui que permettent la scène et le jeu ?
Saint-Gervais lance chaque année des coups de sonde dans le but de combler une partie de cette lacune. En début de saison, la maison accueillait une pièce créée en Bolivie ; quelques semaines plus tard, c'était la Grèce qui était à l'honneur ; Israël et la Palestine ont dernièrement résonné dans la pièce Frères ennemis de Claire Audhuy.
Pourquoi Le Caire ? Le pays a récemment connu des (r)évolutions spectaculaires. Balançant entre espoir et inquiétude, les artistes cairotes créent dans des conditions inimaginables. En même temps, la richesse du répertoire à leur disposition, le bouillonnement de la société dans laquelle ils vivent, n'ont que peu d'équivalents. Jamais goûté au théâtre égyptien ? Il va vous étonner.

D ès la semaine prochaine, Saint-Gervais entame la dernière partie de son riche programme annuel, dont voici les grandes lignes.
Ça commence fort dès le 10 mars avec une question qui doit en tarauder plus d'un : à quoi tient le succès ? Dans un monde artistique où la réussite ne se planifie pas, Véronique Bettencourt et son équipe sont partis enquêter auprès d'artistes de tous bords. Le fantasme de l'échec livre le résultat de ces investigations dans un jeu de piste drolatique qui passe allégrement de la sociologie à la chanson, du Super 8 à la jubilation… Succès garanti ?
Et ensuite ? Réservez vos places pour la projection du documentaire Kaboul song (14 mars) qui suit le retour au pays d'une star de télé-crochet afghan, découvrez la pièce à succès sur mai 68 signée par le collectif L'Avantage du doute (Tout ce qui nous reste de la révolution, c'est Simon, 24-29 mars), goûtez à la version d'Othello par Eric Salama (15-30 avril) et découvrez un Musset inouï par Christian Geffroy Schlittler (L'Ane et le ruisseau, 12-23 mai). Et puis, remettez-vous au jogging en attentant le premier volet du projet sport-spectacle de Karim Bel Kacem et Maud Blandel (Cheer Leader, 2-13 juin).

S ur les toits du sixième, ce lundi soir, la tension est palpable. Dans une poignée d'heures, Salam Yousry et les treize volontaires de sa troupe éphémère monteront sur scène pour présenter le résultat de deux semaines d'un atelier hors du commun. De l'individuel au collectif, c'est ainsi que Salam Yousry nomme cette expérience théâtrale et humaine qu'il réitère depuis quatre ans partout au Moyen-Orient et en Europe. « J'arrive dans une ville et je rassemble autour de moi un groupe de citoyens avec qui je travaille sur l'improvisation, la parole libre et spontanée et les dynamiques théâtrales », explique Salam en tirant sur une petite clope roulée. A la fois coach, animateur d'atelier et maïeuticien de la troupe, Salam semble apprécier la richesse de l'expérience genevoise : « On pourrait croire que les Suisses ont moins de choses à dire que les Cairotes ou les Jordaniens, mais c'est faux : l'arrière-plan culturel sur lequel nous travaillons ici est impressionnant ! »
Pour comprendre par quelle magie, en deux semaines, Salam passe de l'individuel au collectif, rendez-vous vendredi et samedi soir à 19h.

- Photos -
Première Loge, Billet Signé, Fait Maison :  © droits réservés, Hors Scène :  © Anna Rozkosny.