A vec près des deux-tiers de sa population qui détient un passeport étranger, Genève est un formidable lieu de brassage culturel. Mais les Genevois, que connaissent-ils du reste du monde ? A Saint-Gervais, on pense que le théâtre est une vitrine de présentation imbattable. Surtout lorsqu'il est aussi communicatif, festif et engagé que le théâtre égyptien ! Préparez-vous pour cinq soirées de folie… Trois compagnies parmi les plus

représentatives de la scène du Caire, bouillonnante mégapole de 16 millions d'habitants, viennent présenter leur travail du 6 au 10 mars prochains. Ateliers ouverts au public, cabarets urbains, mémoire des révolutions passées et récentes… Dans un mouvement inverse, deux jeunes artistes suisses partis en résidence au Caire reviennent avec une installation sonore qui vous permettra de ressentir physiquement le bruit de cette rue égyptienne. Rendez-vous dans deux semaines !

par Daniel Vuataz

Lorsque Philippe Macasdar se rend en repérage au Caire, on lui recommande d'aller visiter le petit lieu de travail de la compagnie El Warsha (« L'Atelier », littéralement), animée depuis vingt-cinq ans par Hassan El Geretly, l'ancien directeur du Centre dramatique du Limousin rentré au pays en 1987.
Chaque soir ou presque, les membres de la troupe se retrouvent, s'assoient en cercle, et répètent. Ils sont tous musiciens, chanteurs, comédiens. Ils puisent au plus profond des richesses du répertoire traditionnel égyptien dans lequel ils font infuser les événements politiques récents, passant de l'humour à la nostalgie, de la satyre au partage fraternel. La venue des Nuits El Warsha à Avignon l'année dernière n'est pas passée inaperçue : « De Port-Saïd à la place Tahrir, c'est l'histoire d'une nation qui défile. Quelle inventivité ! Quelle qualité des voix, des musiciens ! Assis sur des chaises de bois, musiciens et acteurs-chanteurs sont aussi talentueux qu'aigus », s'exclamait Le Figaro. C'est à ces Nuits El Warsha que reviendra l'honneur de conclure chacune des 5 formidables soirées qui vous attendent à Saint-Gervais, du 6 au 10 mars prochains.

U ne clameur, des voix qui s'élèvent. Salam Yousry débarque du Caire avec ses musiciens, et il va réveiller Genève… En invitant des créateurs d'Egypte à présenter leur travail, Saint-Gervais a aussi voulu qu'ils posent leur regard sur la ville. C'est là que le processus de création de Salam Yousry intervient : sous le nom « De l'individuel au collectif » se cache une méthode que le jeune polyartiste cairote expérimente avec succès depuis 2010 dans tout le Moyen-Orient et en Europe. Réunissant des volontaires dans des ateliers, Salam crée des « chorales théâtrales », sortes de communautés éphémères à qui il demande d'improviser une parole portée par la musique, la percussion, le chant, la danse. Le travail collectif donne ensuite lieu à plusieurs représentations publiques et spontanées.
« N'importe qui peut y participer, il n'y a aucune restriction. N'importe qui peut être artiste, toute expérience humaine, quelle qu'elle soit, mérite d'être communiquée », expliquait Yousry il y a peu. Après Le Caire, Amman, Istanbul, Beyrouth, Alexandrie, Munich, Paris, Berlin, Birmingham, Budapest et Varsovie, voilà Genève ! Les ateliers commencent vendredi et il y a encore de la place : saisissez l'occasion.

D ans la vie, il y a ceux qui récoltent les lauriers. Et puis les autres. Personne n'échapperait à l'impitoyable dualisme ? Pourtant, si on en croit le nombre de peintres, d'écrivains, de musiciens ou de gens de théâtre qui n'obtiennent jamais la reconnaissance souhaitée mais continuent tout de même de créer, c'est qu'il doit y avoir autre chose…
Il fallait une artiste pleine d'inventivité pour s'attaquer à cette question. Du 10 au 21 mars, l'ingénieuse Véronique Bettencourt vous emmène à la rencontre d'une vingtaine d'artistes et créateurs de sa connaissance diversement lotis sur l'échelle du succès (connus, inconnus, reconnus, oubliés…). Armée de sa perche-micro, Véronique a mené l'enquête. Sur scène, un sociologue inspiré (Jean-Christophe Vermot-Gauchy) et un musicien (Fred Bremeersch) l'aident à présenter ses résultats, convoquant notamment les thèses sur l'artiste-travailleur de Pierre-Michel Menger. Entre conférence-happening et autofiction documentaire, dans un joyeux bricolage de sons, de films Super 8 et de chansons, Le fantasme de l'échec vous invite dans les coulisses de la réussite artistique.

- Photos -
Première Loge :  © droits réservés, Billet Signé :  © Roger Anis, Fait Maison :  © droits réservés,
Hors Scène :  © Louise Kehl.