V ous entendez ce fracas à l’angle de la rue, ces klaxons le long du fleuve, ce raffut des passants ? Vous voyez ces tréteaux montés sur la place, ces projecteurs qui balaient le ciel ? Et ces postes de radio qui crépitent, ces smartphones qu’on brandit au passage des artistes, ces écrans géants qui retransmettent l’info en boucle dans la jungle de la ville ? L’affiche 2015-2016 de Saint-Gervais est dévoilée ! Dans le théâtre qui ne dort jamais, les générations, les langues et

les disciplines se mêleront pour inoculer à la cité sa dose vitale de théâtre. Spectacles, expositions, cabarets, conférences, projections, festivals, lectures, résidences… Saint-Gervais, en 2015-2016, sera plus babélien que jamais ! Découvrez en trois arrêts sur images les grands chantiers de la saison prochaine.

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I ls sont jeunes, ils ont faim, ils ont choisi le théâtre comme art de vivre et entendent vivre de leur art. A peine sortis des classes qu’ils se lancent déjà dans la jungle de la ville. Saint-Gervais, ancienne Maison des Jeunes, les accueille et vous prévient : cette succession de nouvelles vagues pourrait bien se transformer en déferlante…
Avec tout d’abord la lame de fond de Retalk – Le point sur les tendances érotico-exotiques du found footage, une master class aux limites du réel proposée par deux comédiens-zombies d’exception, Julia Perazzini et Valerio Scamuffa.
Katy Hernan et Adrien Rupp surfent sur un raz-de-marée à la mode pour mieux nous faire mousser : dans Recyclages et autres petites philosophies suspectes, ils nous promettent un spectacle 100% écolo, mais aussi 100% irresponsable.
Tu nous entends ? aura le fracas d’un tsunami dans la rade de Genève. L’idée d’Émilie Blaser, Adrien Barazzone et Claire Deutsch ? Recréer en plateau les conditions d’un concert de rock !
Quant à Emilie Charriot, elle nous emmène en pleine tempête avec King Kong théorie, l’adaptation du texte culte et polémique de Virginie Despentes. Retenez votre souffle…
Et puis, là-bas loin à l’horizon, vous les distinguez déjà ? La mer semble plate mais elle s’agite en prévision de juin 2016, avec la sortie des classes de la Manufacture et les trente ans de l’école Serge Martin.

« Ici c’est ailleurs ! » Le slogan de Saint-Gervais exprime mieux que jamais la situation si particulière d’un théâtre singulier enraciné dans une cité-monde, d’une ville plurielle idéalement lovée dans l’œil du cyclone planétaire. C’est-à-dire au calme, à l’endroit exact où la scène internationale et le théâtre des hostilités se laissent le mieux observer.
Cette capacité d’observation sera mise à l’épreuve au fil d’expositions documentaires (Le génocide des Arméniens et l’œuvre suisse vus par la presse), photographiques (Face à elle, un projet de Denis Ponté autour de l’image des femmes musulmanes à Genève), théâtrales (avec l’inauguration attendue du Centre International d’Archivage d’Anecdotes de Zoé Cadotsch), mais aussi durant les quatre journées spécialement dédiés au thème « création et migration à Genève » : lectures, projections et conférences se succéderont du 13 au 16 octobre.
L’ancrage de Saint-Gervais dans les préoccupations de son quartier, de sa ville, du monde, sera aussi au menu de la Journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité (27 janvier, autour de Primo Levi), alors que le riche programme de la huitième édition de Mémoires blessées (28 janvier au 6 mars 2016) fera avant tout la part belle à la question des migrations européennes.

Q uel est le point commun entre Angélica Liddell, Jean-Louis Hourdin, Claude-Inga Barbey et Julien Prévieux ? Il n’y en a pas ! La diversité de leurs intentions seront le sel et le poivre de cette saison à venir : découvrez les joyaux cachés et les diamants bruts du programme.
D’abord ces intrigantes Lettres de non-motivation, en ouverture de saison dans le cadre de La Bâtie. Quel est le potentiel théâtral d’une petite annonce ? Vous le découvrirez sur scène avec Julien Prévieux.
En octobre et novembre, un immense saltimbanque du théâtre européen pose ses malles dans la cour de Saint-Gervais. Jean-Louis Hourdin parlera d’oppression et dansera sur le malheur des hommes en confrontant Marivaux à Naomi Klein dans Vous reprendrez bien un peu de liberté… ou comment ne pas pleurer ?
Pour Noël, Saint-Gervais s’offre à nouveau Claude-Inga Barbey ! Aux anges après le carton de Laverie Paradis, la divine auteure-comédienne revient dans une forme d’enfer avec le second volet de son triptyque sur la foi, La damnation de Faustino !
Du théâtre-limite, des émotions incarnées. Jamais montré en Suisse, conçu avant sa reconnaissance internationale à Avignon, le solo choc d’Angélica Liddell Te haré invencible con mi derrota (Je te rendrai invincible par ma défaite) constituera, en janvier, l’un des pics d’intensité de cette saison.

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