Jean Louis Hourdin est un empêcheur de tourner en rond. Humaniste et chaleureux, son théâtre, rythmé par des colères communicatives, est de ceux qui vous emportent. Pour ce spectacle, Hourdin a demandé à ses comédiens de télescoper sur scène deux œuvres distantes de
trois siècles : la comédie de Marivaux L’île des esclaves (1725) et l’essai de la journaliste Naomi Klein La stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre (2006). Deux textes qui débutent comme des utopies et se terminent en réveil brutal : chez Marivaux, l’inversion des rôles entre maîtres et esclaves ne dure évidemment pas ; chez Klein, l’enthousiasme américain des années 1950 pour les sirènes de l’ultralibéralisme a mené droit dans le mur.
 

Hourdin, agitateur poétique, assume son grand écart. Mieux, en conjuguant classique et contemporain, il parle comme au cirque, entre larmes et rires, de l’oppression de l’homme avide de liberté par son semblable. Un habile palais des glaces pour refléter le monde. Quitte à parler malheur et exploitation, autant le faire en dansant, sourire aux lèvres.