C' est parti pour 7 jours de débats, de tables rondes et de projections passionnants ! Saint-Gervais ouvre demain sa septième édition de Mémoires blessées, série annuelle d'événements consacrés aux oubliés de l'Histoire. Quatre documentaires, accompagnés par autant de discussions publiques, vous attendent jusqu'à mercredi prochain (lire ci-dessous). Toujours dans le cadre de Mémoires blessées, côté théâtre

cette fois-ci, il ne faudra surtout pas manquer la pièce que Claire Audhuy et l'équipe de Rodéo d'âme peaufinent ces jours dans les étages de la maison : Frères ennemis promet de parler sans fard du conflit qui mine, des deux côtés du « mur de la honte », les peuples israélien et palestinien depuis des décennies.

par Daniel Vuataz

C ertaines occasions ne doivent pas se rater. Celle de plonger, par exemple, en plein cœur d'Aïda, ce camp de réfugiés palestiniens adossé au mur que l'Etat d'Israël a érigé pour protéger ses colonies… Claire Audhuy, jeune doctorante strasbourgeoise, a fait le voyage en 2012 et 2013 avec sa compagnie Rodéo d'âme. Elle en a ramené Frères ennemis, une pièce de théâtre documentaire qui donne la parole à des Israéliens et des Palestiniens rencontrés sur place.
« Pour moi, le théâtre est l'un des moyens les plus beaux, les plus civilisés, les plus profonds et non-violents pour s'exprimer et raconter son histoire, sa version de son histoire, sans compromis, sans hypocrisie, sans essayer d'être politiquement correct pour plaire à quiconque, pour d'abord construire la paix en soi avant de parler de la paix avec l'autre » explique Abdelfattah Abusrour, le fondateur du Théâtre Al Rowwad, à Aïda, où une première version de Frères ennemis a été jouée il y a un an et demi.
A Genève, la pièce sera montrée en français par des comédiens d'ici. Elle ne restera à l'affiche que trois jours. Une rencontre avec l'équipe suivra chaque représentation. Alors c'est vrai : il y a des occasions qui ne doivent pas se rater.

L a neige tombe sur Genève. Le froid transperce les manteaux. Courrez au cinéma ! Dans le cadre de la 7e édition de Mémoires blessées, Saint-Gervais se mue en salle de projection. Tour du programme en quatre questions.
1 Que peut la poésie face aux horreurs du monde ? Comme des lions de pierre à l'entrée de la nuit (Olivier Zuchuat, 2012) y répondra jeudi soir. Une discussion avec Anastasia Danaé Lazaridis, chargée d'enseignement en grec moderne à l'Université de Genève, suivra.
2 Comment se faire entendre quand on est immigré à Genève ? Présenté samedi en avant-première, le documentaire Mai – Mémoire de l'action immigrée (Emmanuel Gripon, 2015) proposera des pistes concrètes, en présence du réalisateur et de plusieurs interlocuteurs de la ville.
3 Peut-on faire du théâtre dans un camp de réfugiés palestiniens ? Le documentaire Traversées (Baptiste Cogitore, 2013), projeté au Musée de la Croix-Rouge dans le cadre d'une discussion entre l'équipe de la pièce Frères ennemis et Pierre Krähenbühl, vous apportera des réponses mardi prochain.
4 Combien de temps faut-il pour qu'un état reconnaisse ses torts ? Bien trop longtemps, répondront mercredi prochain les protagonistes de L'honneur des gueules noires (Jean-Luc Raynaud, 2012), mineurs du Nord de la France bafoués dans leurs droits depuis 60 ans…

S i les vagues de solidarité et de contestation qui ont suivi les attentats du 7 janvier à Paris ont révélé quelque chose, c'est qu'il existe des dessinateurs de presse et des caricaturistes dans le monde entier. Et qu'un certain nombre d'entre eux exercent ce métier au péril de leur vie.
C'est le cas d'Hani Abbas, qui a reçu en mai 2014 le Prix international du dessin de presse, à Genève, des mains de Kofi Annan. Palestinien de Syrie, Abbas a fui le régime de Bachar El-Assad l'année passée, se sachant menacé. Le Temps, qui publiait une interview de lui deux jours avant les attentats, parle d'une œuvre qui « happe les regards et taraude les consciences ». Sa force de frappe semble aujourd'hui décuplée. Depuis la Suisse, Abbas publie ses coups de crayon sur le site Al-Jazira, dans le journal libanais Al-Modon et dans L'Hebdo. A Saint-Gervais, une trentaine de ces dessins sont à voir, librement, aux murs du café La Réplique et dans les étages pendant un mois et demi supplémentaire.

- Photos -
Première Loge :  © droits réservés, Billet Signé :  © Jérémie Reuiller et Marine Froeliger, Fait Maison :  © droits réservés,
Hors Scène :  © Hani Abbas.