Événement ! C’est un très grand comédien français qui s’apprête à présenter deux solos successifs. Nicolas Bouchaud est le genre d’artiste « intense et léger à la fois » (Télérama) qui « mouille la chemise avec un engagement de tous les instants » (Le Monde) pour « donner du corps et du coffre à la pensée vive » (Le Nouvel Obs). À partir de textes non théâtraux, il crée avec son complice et metteur en scène Éric Didry des spectacles d’une vitalité et d’une énergie folle. Un métier idéal (20-24 février) est l’adaptation d’un reportage culte de John Berger et de Jean Mohr, partis dans les années 1960 sur les pas d’un médecin de campagne anglais. Ou quand le théâtre se fait remède… La semaine suivante, La loi du marcheur (27 février-3 mars) fait découvrir une matière formidable : les fameux entretiens testaments de Serge Daney, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, rejoués sur scène par Nicolas Bouchaud. Ou quand le cinéma initie au monde et donne des ailes. Ne passez pas à côté.

Nicolas Bouchaud: « Jouer, c’est créer un supplément à la vie et au chaos. Sur une scène, on aime, on souffre, on parle plus intensément » (Télérama).

Genève ça tourne, les projections commencent ce soir !

Saviez-vous que Le Loup de Wall Street de Scorsese se passe en partie à Genève ? Tout comme une bonne centaine de films, des années 1960 à nos jours. Pourquoi une ville réputée « compliquée », « froide » ou « mal foutue » s’illustre-t-elle pareillement dans le 7ème art ? Bâtie autour de 101 extraits soigneusement dénichés et choisis par Christophe Billeter, l’exposition vidéo Genève ça tourne est en train d’installer la petite cité au panthéon des villes les plus cinématographiques. En lien avec l’exposition, Saint-Gervais organise trois soirées de projection, pour (re)découvrir six films « genevois » en intégralité et au format original (35 millimètres). Coup d’envoi avec Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 de Tanner (ce soir à 19h, en présence de Jean-Luc Bideau). On double la mise vendredi 2 février avec Le Petit Soldat de Godard (19h) et Haschich de Soutter (20h45). Final en trois temps samedi 3 février avec Belle du seigneur de Glenio Bonder (17h, jamais montré en Suisse), Trois couleurs Rouge de Kieślowski (19h) et 1 journée de Jacob Berger (21h, en présence du réalisateur).

Christophe Billeter parle de Genève ça tourne dans La Tribune de Genève, sur la RTS, Radio Vostok et Konbini.com.

Lena Kitsopoulou de retour à Saint-Gervais

Au sein des figures importantes du théâtre européen qui ont établi au fil des ans une relation spéciale avec Saint-Gervais (tg STAN, Rodrigo García…), il y a évidemment Lena Kitsopoulou. Découverte à Genève avec sa reprise de Vive la mariée en 2013, puis revenue en 2015 (trois soirées mémorables de rebetiko et de textes) et en 2016 (The dullness of being), l’égérie du théâtre athénien a relevé le défi lancé par Saint-Gervais : monter un texte en dix jours, ici, avec trois comédiens hellénophones (dont la résidente de Saint-Gervais Anna Lemonaki). Le résultat, Cry, est joué deux fois seulement. Il y est question de règles de bienséance qui volent en éclat. Dans le style frontal et poétique qui la caractérise, Lena Kitsopoulou demande : jusqu’à quel point êtes-vous capable de conserver votre self-control ? « On dit bonjour, merci, comment allez-vous, passez une bonne journée, et tout cela n’est que politesse… Au sein d’une société dite progressiste, nous sommes sans cesse poussés à dire ce que les autres ont envie d’entendre. Où est la vraie liberté ? » Attention au choc.

Quand l’enquête de terrain devient théâtre

Lorsque deux metteurs en scène partent « sur le terrain » (c’est-à-dire hors du théâtre) à la recherche d’hommes et de femmes qui, en Suisse, osent clamer haut et fort que « tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes » (folie ? sacrilège ?), cela donne Tout va bien.ch, une enquête exclusive qui débouche… sur un spectacle de théâtre. Et non des moindres. La Lettre a posé trois questions à Barbara Schlittler et Christian Geffroy Schlittler sur ce projet « made in Camp de base », à découvrir la semaine prochaine.

1. Comment avez-vous rassemblé votre matière ?

On a opté pour l’idée de récolte. Depuis le web et sa dynamique rhizomique : les scènes où ça débat, les docs où ça explique, les entretiens où ça « convictionne », les spots de propagande…

2. Qui sont ces insatisfaits de la Suisse que vous avez rencontrés ?

Les « insatisfaits » sont partout, à gauche et à droite, simplement rejetés en dehors du récit médiatique dominant du consensus.

3. Et alors, tout va bien, ou pas?

« Moi je crois que ça ne va pas si mal… pour certains. Par contre, pour une grande partie des suisses, ça va assez mal. Parce que la répartition des richesses dans ce pays a été de plus en plus inégalitaire » (Jean Batou, Ensemble à Gauche, dans Infrarouge le 22 septembre 2015).

du côté du « Labo »

La radio fait son théâtre ! « Le Labo », l’émission de David Collin sur la RTS, est en résidence à Saint-Gervais. Au programme, une série d’Écoutes dans le noir, au 3ème étage et en public. Autrement dit, une heure de diffusion sonore, les yeux fermés et oreilles grandes ouvertes. Premier rendez-vous le jeudi 22 février à 19h, avec la retransmission de l’émission réalisée à partir de Tripes syriennes/Syrian trips, la lecture d’Hani Abbas, Tawfik Chaama et de Philippe Macasdar donnée à Saint-Gervais en octobre passé. En présence du dessinateur de presse, du médecin de l’UOSSM et du directeur du théâtre.