E ric Salama est de retour à Saint-Gervais, et pas avec n’importe quelle pièce : Othello ! Du 15 au 30 avril, Piera Bellato, Marie Probst, Elodie Weber, Vincent Bonillo et Ahmed Belbachir seront Othello, Iago, Desdémone, Cassio et les autres. La tragique histoire du Maure de Venise mis K.O. par la jalousie gagne encore en efficacité, quatre siècles après sa création : « J’ai eu envie de raconter cette histoire de façon simple, terre-à-terre et extrêmement concrète » annonce

Eric Salama. Et puis comme deux classiques valent mieux qu'un, guettez déjà L'âne et le ruisseau de Musset aux abords du mois de mai. Une comédie éblouissante dans une mise en scène de Christian Geffroy Schlittler, que nous vous proposons de découvrir ces six prochaines semaines.

A deux semaines de son nouveau spectacle à Saint-Gervais, le metteur en scène Eric Salama replace le texte de Shakespeare dans son actualité.

« Dans nos démocraties, le débat public se place toujours plus sur le plan de l’irrationnel. Et il est toujours plus difficile de convaincre par des arguments logiques, des faits vérifiables, en face de ceux qui misent sur l’émotion, sur les pulsions collectives, les peurs et les fantasmes.
Dans la pièce de Shakespeare, Othello va se laisser abuser par les faux-semblants et les arguments invraisemblables de Iago, jusqu’à assassiner sa femme Desdémone sans la moindre preuve sérieuse de son infidélité. Comment se fait-il qu’un homme pourtant sage, intelligent, avisé et instruit, puisse se laisser aveugler au point d’accorder plus de crédit aux mots du mensonge et de la déraison, qu’à ceux de la vérité et de la raison ? Car, bien qu’il en use avec habileté à l’image des populismes de tous bords, les fils que tire Iago sont faits d’artifices grossiers, et il faut être aveugle pour s’y laisser prendre. S’interroger sur cette cécité semble plus que nécessaire aujourd’hui, dans ce début de XXIe siècle où partout fleurissent les rhétoriques de la peur. »

Voir aussi les trois bonnes raisons d’attendre la pièce d’Eric Salama avec impatience !

Mon cher Alfred,

Je viens d’arriver à Saint-Gervais et vais y rester pour deux mois. Vous n’êtes pas sans savoir que votre dernière pièce, L’âne et le ruisseau ­– que vous n’avez jamais vue représentée – sera jouée ici-même, du 12 au 23 mai. Je vais travailler sur la médiation culturelle autour de cette pièce. C’est une pratique dont on parle pas mal, mais qu'on connaît peu. En deux mots, je dirais que cela participe au développement des publics et à tout ce qui peut enrichir et faciliter la réception d’une œuvre artistique.

Je dois avouer que je vous connais mal. Mon parcours d’actrice n’a jamais croisé votre chemin. Depuis quelques jours, je me passionne à lire vos pièces et à découvrir les magnifiques lettres d’amour à George Sand, les Contes, la Confession d’un enfant du siècle, les caricatures…  Je découvre dans votre œuvre un humour et une modernité que certains préjugés ne m’avaient pas laissé soupçonner. Vous êtes un grand passionné – et donc un grand déçu – de la politique et de l’amour. Comme vous en parlez bien : « Ouvrez-vous, jeunes fleurs, si la mort vous enlève / la vie est un sommeil, l’amour en est le rêve / et vous aurez vécu, si vous avez aimé » (A quoi rêvent les jeunes filles, 1832).

Pour l’heure, à Saint-Gervais, c’est en effet d’amour dont nous allons parler.

Je vous embrasse,

Celine Bolomey

L Lorsque la bouillante Angélica Liddell s’empare d’un texte du Nouveau Testament pour le faire entrer dans son univers, ça ne peut que donner « une pièce éruptive » (Le Temps). Le résultat est à voir ce vendredi Saint sur la Scène nationale de Bonlieu (Annecy).
Le journaliste Alexandre Demidoff, à la faveur d’une rencontre avec la metteure en scène et comédienne catalane, lui a demandé à quelles sources elle était allée puiser la Primera carta de San Pablo a los Corintios : « Je me suis plongée dans L’Epître aux Corinthiens, j’ai été fascinée par le dogme de la résurrection sans lequel il n’y aurait pas de christianisme. Parallèlement, j’ai visionné Winter Light, ce film qu’Ingmar Bergman tourne en 1962, qui raconte la passion de Marta pour Tomas, un pasteur qui a perdu la foi. J’ai eu envie d’un spectacle qui parlerait de ça, de l’amour d’un être qui devient sacré comme celui qu’on porte à une figure divine. A partir de là, j’ai réfléchi à la notion de mal, j’en ai conclu que le mal est nécessaire pour que l’amour existe. »

Attention, première fuite dans le programme de la saison prochaine : c'est confirmé, Angélica Liddell sera sur la scène de Saint-Gervais en janvier 2016 !

- Photos -
Première Loge :  © Isabelle Meister, Billet Signé :  © droits réservés, Fait Maison :  © droits réservés,
Hors Scène :  © Angélica Liddell.