Plus que trois soirs pour découvrir – ou revoir ! – Nicolas Bouchaud. Un grand moment de partage, un comédien « scotchant, hyper présent » (Vertigo) de qui émane « quelque chose d’évident, de profond, d’infiniment juste et vrai » (Le Matin Dimanche). Expérience d’immersion dans la pensée buissonnière du critique de cinéma Serge Daney, La loi du marcheur est à l’affiche jusqu’à samedi. « Nicolas Bouchaud est un magnétiseur. Le conseil ici est impérieux : il faut voir le phénomène, il faut l’entendre » (Le Temps). La suite du mois de mars s’annonce tout aussi inspirante : un bal-concert « à la russe » mijoté par Lara Khattabi et Jonas Lambelet (Adieu Sémione Sémionovitch ! le 9 mars), la projection d’un film collectif créé par des jeunes de Suisse, de France, d’Israël et de Palestine (Et pourtant ça tourne le 12 mars) et une nouvelle folle création dans la Chambre du 5ème, signée Pierre Miserez (Il était une fois la Tchaux, 13-24 mars).

Nicolas Bouchaud était l’invité de Vertigo sur la RTS jeudi passé. Une émission à redécouvrir ici, ainsi que les portraits du Matin Dimanche et du Temps.

Julia Perazzini et Tiphanie Bovay-Klameth vues par Sandrine Kuster

Deux solos, deux jeunes femmes issues de la Manufacture (premières promotions), deux comédiennes qui abordent des sujets personnels et intimes… Julia Perazzini et Tiphanie Bovay-Klameth ont en commun de travailler par imitation, de se laisser traverser par leurs personnages. Avec Julia Perazzini, on est face à une sorte de « Goddess », une sorcière ou fée, c’est selon. Son solo, Holes & Hills, aborde la question du corps féminin (ses creux et ses bosses) de façon onirique, imagée, plastique. Tiphanie Bovay-Klameth s’ancre dans le réel, met en scène des situations personnelles ou familiales auxquelles on s’identifie. Son spectacle, D’autres, s’inscrit dans le style « Zouc » : plateau nu, robe noire, propos drôles mais implacables. La singularité physique des deux comédiennes (dont elles jouent et s’amusent beaucoup), leur don pour l’humour, leur engagement dans ce métier et tout simplement leur talent ont très vite été repérés, désirés par de nombreux metteurs en scène. Qu’elles soient seules ou en groupe, elles sont la promesse d’amener de l’épaisseur sur le plateau, du sens, quelque chose qui va au-delà d’elles-mêmes. Un vrai don pour le spectateur.

Voir le teaser vidéo de Holes & Hills et découvrir Tiphanie Bovay-Klameth au journal télévisé de la RTS.

Pierre Miserez, fenêtre grande ouverte sur la Chaux-de-Fonds

Invité à créer un solo dans les quelques mètres carrés de la Chambre, Pierre Miserez, comédien, musicien, jongleur, roi de la performance et du seul en scène, plante le décor : ce sera la Chaux-de-Fonds ! Un spectacle en forme d’introspection joyeuse. Bienvenue dans la ville de son enfance.

Pierre Miserez, c’est quoi, en trois mots, La Chaux-de-Fonds de votre jeunesse ?
De la neige, une bonne fondue, et picoler jusqu’à 4h du matin dans les cercles ouvriers.

Et celle d’aujourd’hui ?
Beaucoup de convivialité, un peu de nostalgie de la grande époque passée. Et pas mal de tension entre le Haut et le Bas.

Quelle est la première chose que vous faites, habituellement, quand vous remontez là-haut ?
Je mets les pneus neige et prends mon carnet d’adresses pour retrouver les potes, les encore mariés, les nouveaux divorcés, les SDF, les vivants et les morts. Et les nouveaux migrants.

Quel est votre héritage chaux-de-fonnier ?
La tradition de l’horlogerie… Dans mon métier d’humoriste, j’ai sans doute hérité de cette précision et de cette mécanique du rire.

À votre avis, les Genevois connaissent-ils votre ville ?
Pour les Genevois, après le jet d’eau, on ne connaît pas la Suisse. Mais on prend le TGV ou Easy Jet pour mieux connaître Barcelone, Paris ou Amsterdam… On est branché quoi !

Le bal du suicidé, ou l’art de la fête selon Lara et Jonas

Au 7ème étage, une fête pas comme les autres se prépare. Un bal-concert, donné en l’honneur d’un homme qui a choisi… de mettre fin à ses jours. Ça s’appelle Adieu Sémione Sémionovitch !, et c’est le projet made in Camp de base de Lara Khattabi et Jonas Lambelet.

Lara Khattabi et Jonas Lambelet, qu’est ce qui vous intéresse dans Le Suicidé de Nikolaï Erdman (1928) ?
Erdman a créé une œuvre qui, tout en étant très ancrée dans son époque, pose des questions qui intéressent tout le monde : comment réussir à vivre et à être ? Jusqu'où est-on prêt à aller pour trouver sa place ? Rien d'essentiel n'y est daté : la question du chômage, le processus de sacrifice/divinisation des boucs-émissaires, etc. Et évidemment, la manière si singulière qu'il a de soulever ces questions à travers ses « vaudevilles soviétiques » au style grinçant et enlevé.

On croisera du beau monde dans ce « bal-concert » : Mathias Brossard, Cécile Goussard, Magali Heu, Simon Hildebrand, Adrien Mani, Nastassja Tanner et Lisa Veyrier…
Nous avons des relations amicales, intellectuelles et artistiques très fortes avec eux, ils partagent et nourrissent ce compagnonnage autour d’Erdman depuis des années. Ce sont des artistes qui nous charment, nous aimons la façon absolument inédite qu’ils ont de dérailler, c’est-à-dire d’embrasser totalement l’univers erdmanien tout en lui faisant faire un pas de côté.

Lara, donnez trois mots pour qualifier Jonas.
Motus, critique, survolté.

Et Jonas, au sujet de Lara ?
Pétulante, Duras, hachée.

du côté de Genève ça tourne et des Voisins du 3ème

L’expo à succès sur l’histoire d’amour entre Genève et le septième art joue les prolongations ! Encore quelques semaines pour découvrir les thèmes, les décors et les scènes d’anthologie dénichés et présentés par Christophe Billeter dans Genève ça tourne. Et en exclusivité, quatre extraits sélectionnés et commentés pour le site swissinfo.ch.
Et puis du côté des Voisins du 3ème, ne manquez pas la soirée publique du 8 mars, proposée à l'occasion de la journée internationale des femmes, en deux parties : spectacle musical monté par un groupe de jeunes Érythréens contre l'excision des filles érythréennes (Je veux protéger ma fille, 19h) puis lecture d'extraits des Monologues du vagin (20h). Un apéro conclura la soirée. Réservation conseillée (entrée libre à condition de venir avec un timbre-poste A ou B, pour soutenir l'action cartes postales du mouvement Appel d'elles).