Borbigny, salle communale d'un village typique de Suisse romande. Tout le monde met la main à la pâte pour la traditionnelle soirée de gym. On coud les costumes, on répète la choré, on teste les micros sur la scène campagnarde. "J'ai une passion pour les gens qui mettent une énergie folle dans des choses en apparence vaines." Habillée en noir sur un plateau nu, Tiphanie Bovay-Klameth ne compte que sur elle-même pour faire naître une galerie de personnages inoubliables, hilarants et touchants. La langue qu'elle propose, celle du quotidien, avec ses intonations locales, ses nuances, ses trous et ses trouvailles, sonne comme une évidence. Les mimiques changent toutes les secondes, le corps accomplit des prouesses, le souffle de Zouc traverse Borbigny. Mais il n'y a pas que la virtuosité : pourquoi sommes-nous tellement émus ? Tiphanie Bovay-Klameth ne joue pas ses personnages, elle "est" tous ces "autres" qui rient, souffrent, rament en silence, nous ressemblent furieusement. "Il faut se tenir vivant", entend-on juste avant la choré finale. Un classique instantané.

Après avoir fait partie de la troupe des Deschiens en France, Tiphanie Bovay-Klameth s'illustre principalement sur les scènes francophones avec le collectif Gremaud/Gurtner/Bovay de la 2b company. Créé en 2017, D'autres est son premier solo.