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Entretien avec Philippe
Ducros après La porte
du non-retour
Daniel Vuataz,
rédacteur à St-Gervais
La porte du non-retour est un « déambulatoire théâtral et photographique » à la fois sublime et terrifiant. En une vingtaine de stations argentiques, muni d'un casque audio, le spectateur est conduit au cœur du brasier congolais. Le portrait au noir d'une RDC grande comme toute l'Europe de l'Ouest, déchirée par les multinationales minières et peuplée par les fantômes du génocide rwandais, les femmes violées, les déplacés du Nord-Kivu, les apôtres de tous bords… La symbolique du titre est forte : les « portes du non-retour », ce sont ces monuments érigés sur la Côte d'Or en mémoire des milliers d'esclaves déportés vers les Amériques sur les coques négrières. On ne revient pas indemne non plus du voyage proposé dans ces décombres de civilisation par le Québécois Philippe Ducros (voir le « Billet signé » des Lettres 6 et 8).
Chemise à carreau, courte barbe propre, regard extrêmement intense, Philippe Ducros vient présenter pour la première fois son travail en Suisse. A l'issue du vernissage, il me rejoint au quatrième étage. La nuit est tombée sur Genève.
Ducros est un homme incandescent. Sa parole s'enflamme au contact des questions. Il découvre Genève et la Suisse mais est déjà au courant des enjeux de la votation du 9 février dernier « contre l'immigration de masse ». Un énième symptôme, selon lui, de cette Europe qui prend le mauvais chemin en essayant de barricader ses frontières, de réguler les entrées, de préserver son confort…
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Du 30 janvier au 9 mars
La porte du non-retour
Déambulatoire théâtral et photographique
de Philippe Ducros
Dans le cadre de Mémoires blessées 6
Infos et heures d'ouverture
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Une salve de questions
pour introduire
Las Vanitas
Las Vanitas, le spectacle de Chris Cadillac (Florian Leduc et Marion Duval), débute dans moins d'un mois au 7ème étage de Saint-Gervais. Une question fonde toute la démarche : « Dans quelle mesure sommes-nous responsables de ce dont nous sommes spectateurs ? » Création aux multiples visages, Las Vanitas ne semble pouvoir se présenter que sous la forme interrogative. En reprenant les mots exacts de son duo d'auteurs, ça donne ça :
« Qui suis-je ? Ai-je ma place ici ? Que pensent-ils de moi ? Que puis-je exiger d'eux ? Que dois-je leur donner ? M'aiment-ils ?
Suis-je à leurs yeux assez intelligent, assez drôle, assez beau, assez excentrique, assez cool, assez punk, assez au courant, assez tolérant, assez attentif, assez cultivé, assez engagé, assez dissident, assez raisonnable, assez détendu, assez indépendant, assez sexy, assez lisible, assez en paix, assez vivant, assez intemporel, assez personnel, assez mystérieux, assez anonyme, assez spécial ?
Nous sommes les uns avec les autres. Comment faire ? »
Toutes les réponses, et plus encore, le 11 mars 2014.
Du 11 au 29 mars
Las Vanitas
Chris Cadillac – Marion Duval et Florian Leduc
Infos et réservations
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Cosima Weiter à la
recherche des Anges
déchus de l'Amérique
Les résidents de Saint-Gervais sont issus de tous horizons, de tous domaines. De la mise en scène, de la dramaturgie, de l'écriture, du jeu. Et même de la poésie sonore. Cosima Weiter est née à Lyon; elle vit entre Berlin et Genève, écrit entre les langues (allemand et français), traduit, performe… Et part de temps en temps sur la route pour alimenter son travail.
L'expérience qu'elle mène en ce moment avec le photographe Alexandre Simon (Cie_avec) l'a projetée au cœur de la Los Angeles « d'en bas », très loin des paillettes hollywoodiennes et du bling-bling mainstream servis dans les médias du monde entier. Un rencontre avec les immigrés de la cité, un doigt passé dans les « trous de son tissu social ». La Cie_avec en tirera un spectacle au printemps 2015. En attendant le passage à la scène, Cosima Weiter et Alexandre Simon partagent dans un journal de bord la matière documentaire récoltée pendant un mois. Une entrée par jour entre le 13 décembre 2013 et le 10 janvier 2014 : au total près d'une centaine de photos, trente textes, des dizaines de vidéos et des extraits sonores pour cerner les récits et les trajectoires des locataires de ce Global Village. Chinois, Mexicaines, Blacks, Thaïs, Européennes, Indiens, Arabes… ce sont eux qui font vivre Los Angeles : « Un bouillon de cultures d'une incroyable richesse. Ici toutes se rencontrent et se mêlent. Il n'y a pas un cheval vivant qui soit un vrai pur-sang dit Richard Powers. A Los Angeles, c'est encore plus vrai qu'ailleurs. »
To be continued, cet été, pour un second volet à la rencontre des Anges déchus du rêve américain.
Angels, le spectacle issu de ce travail est co-produit par le Théâtre du Grütli à Genève et le TPR à la Chaux-de Fonds, il sera créé au printemps 2015.
Lecture de Cosima Weiter dans le cadre de Poema le jeudi 13 février 2014 à 20h00 au Centre Culturel Kulturfabrik de Esch-sur-Alzette au Luxembourg.
Angeles_L.A.Diary
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