« On a l’impression que le projet n’a pas de fond. Les portes s’ouvrent, les gens nous parlent, des histoires de lieux, des histoires de vies si denses, si différentes. » Déjà quatre mois passés à parcourir Genève « de long en long » (puisqu’il s’agit d’une Ligne), des dizaines de rencontres marquantes, d’incroyables photos sur lesquelles la ville se brode de fil rouge : il est temps pour Jean-Baptiste, Alban, Basile et les autres Kokodyniack de revenir à Saint-Gervais avec leur matière première. Et ça tombe bien car il commence à faire froid. Quelles sont les prochaines étapes de La Ligne ? Les retranscriptions des seize interviews enregistrées sur le terrain – au mot près, bégaiements et hésitations inclus – ont déjà bien avancé. Elles constitueront, après coupes et montage, le texte de la pièce. Quant aux photos, prises tout au long du périple, elles seront bel et bien rassemblées en exposition, puisque la campagne de financement participatif vient de se terminer. Avec succès, et grâce à vous !

We Made It ! Objectif réussi pour l’expo photo

En 30 jours et avec l’aide de 37 contributeurs, les 7’000 francs nécessaires au montage de l’exposition ont été rassemblés. Une belle étape ! Mais au fait, pourquoi les clichés en question, signés Alban Kakulya, occupent-ils une place spéciale dans le projet ? Parce que ce sont eux qui ont suscité bon nombre de rencontres, permettant à la pièce de se constituer. « Au début, nous pensions que le simple fait de parcourir notre Ligne à pied nous ouvrirait toutes les portes, délierait toutes les langues », se souvient Jean-Baptiste Roybon. « Quand nous nous sommes mis à tendre notre ruban rouge dans des lieux publics, chez les gens, et donc à frapper aux fenêtres avec nos serre-joints, nos échelles et nos casques jaunes, nous avons compris que cette manière de faire donnait de meilleurs résultats. Nos questions étaient mieux reçues. Et pourtant, nous demandons des choses aussi déstabilisantes que : “Alors, comment votre vie s’est-elle déroulée jusqu’ici ?” ». Faut-il le rappeler ? La Ligne se jouera dans une salle de théâtre, et pas dans la rue. De ce point de vue, les photos d’Alban représentent à la fois une trace du projet « en train de se faire ». Et son premier décor.

Basile Lambert, interview en ligne

Qui sont les Kokodyniack derrière La Ligne ? Après les portraits de Jean-Baptiste Roybon et d’Alban Kakulya, voilà celui de Basile Lambert, l’un des trois comédiens du projet. Formé à Lyon, où il a rencontré Jean-Baptiste Roybon, Basile a joué en France, en Allemagne, au Maroc et en Suisse. Il a déjà participé aux deux précédents spectacles de la compagnie, basés sur l’histoire de La Manufacture de Lausanne et des Halles de Sierre. Interview express.

La Lettre : Une ligne, pour toi, ça représente quoi ?
Basile : La Linéa, une création d’un tout qui avance.

En ligne, on trouve quoi comme genre de choses sur toi ?
Des homonymes. Du pêle-mêle internet. Ah bah tiens, un avis nécrologique.

Pour garder la ligne, tu fais quoi de spécial ?
Décision d’équipe : on fait un régime !

Tu es plutôt ligne de fuite ou pêche à la ligne ?
Plutôt fuite de pêche.

Reste une dernière ligne. Utilise-là comme tu veux.
Venez entendre et voir ce spectacle. Laissez-vous surprendre par les petites histoires qui vous entourent.

Une « Ligne » rouge passe par chez moi !

Ça toque. Sur le palier, trois gaillards à la dégaine d’artisans (…). Dans leur barda, des sangles, des trépieds, des outils, et surtout ce rouleau de ruban rouge qu’ils sont venus étendre à travers votre logis. Pourquoi vous ? Parce que le hasard vous a placé(e) sur le parcours de La Ligne, ce portrait de Genève aussi ambitieux que tentaculaire commandité par le théâtre Saint-Gervais à la compagnie Kokodyniack. Avant de franchir votre seuil, Jean-Baptiste Roybon, Basile Lambert et Alban Kakulya ont initialement déplié deux plans contigus du canton, à l’échelle de 1:25000, sur lesquels ils ont tiré un trait à partir de la plaine de Plainpalais. (…) Ainsi munis de leur itinéraire (…), les trois compères choisissent une vingtaine de points sur le territoire, où ils installent partie ou toute la Ligne (…). Dans mon salon, ce sont les muscles linguaux qui s’activent. Comme les seize autres intervenants dont les propos composeront le texte de la pièce de théâtre créée en mai prochain, je suis censée dérouler le récit de ma vie. « Où commence votre histoire ? » A quoi les interrogés répondent généralement par un flot ininterrompu. L’enregistrement donnera lieu à une transcription reproduisant jusqu’au plus infime bégaiement. Les mille pages obtenues au total seront ensuite découpées comme le liseré tendu au bout du lac, et recomposées, puis interprétées sur scène par les artistes.

Le site de la Cie Kokodyniack
La Ligne sur Facebook
Le tracé de la Ligne sur Tour Builder
La Ligne sur le site de Saint-Gervais