Faire connaissance avec l’actualité brûlante du théâtre hongrois. Découvrir le résultat d’un atelier théâtral avec des migrants. Tresser des liens avec le festival far° de Nyon. Faire revivre les textes des écrivains étrangers passés par Genève, puis afficher leurs mots en grand sur les murs de la ville. Accueillir trois expositions qui disent la complexité du monde et les réponses que l’art peut amener. Toutes trois ont été vernies hier soir. La première est conçue par un couple de designers (Ruedi et Vera Baur) qui pense que le design doit intensément s’engager dans la cité (Civic Design). La seconde donne la parole à un peuple opprimé, les Sahraouis (Libertés prisonnières – Rencontres avec le peuple sahraoui). La troisième réinvente l’engagement citoyen avec Franck NA et ses « assermentés » (La Banque des serments). Cette fois nous y sommes, dans le vif du sujet. Bienvenue au cœur d’Ici c’est ailleurs.

Voir le programme complet des quatre jours d’Ici c’est ailleurs.

Mercredi – À la rencontre du théâtre hongrois

Affiche exceptionnelle ce soir ! Quatre éminents représentants de la scène hongroise viennent nous parler de leur façon de faire du théâtre, aujourd’hui, là-bas. Pourquoi cela doit-il nous intéresser ? Parce que la situation actuelle, en Hongrie, inquiète : depuis l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de droite en 2010, une « histoire nationale idéaliste », celle de Viktor Orbán, tend à devenir le récit dominant. Ultranationalisme et création théâtrale peuvent-ils faire bon ménage ? Les artistes qui ne jouent pas le jeu du gouvernement prennent le risque de se passer de toute aide financière.
Alors, le théâtre hongrois, une scène « rongée par l’hydre nationale » et remodelée par « Viktor le bâtisseur », comme le martèlent les médias ? Le mieux est encore de poser la question aux principaux intéressés. Venez rencontrer une metteure en scène (Panni Néder) et un directeur indépendant (Zoltán Balázs) qui comparent leur pays à une boîte de conserve ou à un marécage. Écoutez l’avis d’un auteur qui a traversé toute l’histoire communiste et doit faire face à cette nouvelle réalité (György Spiró). Découvrez le travail de la directrice d’un théâtre officiel de Budapest, récemment nommée (Enikő Eszenyi). C’est ce soir, à Saint-Gervais, et c’est sous la conduite de György Karsaï, historien et critique de théâtre, professeur à l’Académie d’Art du Théâtre et du Film de Budapest.

Découvrez les portraits-interviews des quatre invités hongrois.

Jeudi – Écrire Genève, dans les livres et sur les murs

Tant d’esprit dans une si petite ville, tant de mots formulés dans un espace si réduit ! Voyez plutôt : Casanova, Borges, Dostoïevski, Hugo, Strindberg, Dumas, Mary Shelley, Rosa Regàs, Fama Diagne Sène, John Berger, Isabelle Eberhardt  et tant d’autres parmi les plus importantes plumes de la littérature mondiale : toutes ont un lien avec Genève. Venez les découvrir jeudi soir, par les textes et surtout par les voix : celles que leur prêtent Jean-Luc Bideau, Dominique Favre-Bulle et Philippe Macasdar à l’occasion de cette soirée spéciale Genève — L’œil du cyclone.
« La littérature est une attaque contre les frontières », a dit Kafka. Qui, lui, n’est jamais passé par Genève… Encore faudrait-il s’en assurer auprès du spécialiste de la question, Bertrand Lévy. L’éminent connaisseur des relations Genève-littérature, entouré de Ruedi Baur, Karelle Ménine et Philippe Macasdar, présentera en seconde partie de soirée un projet qui devrait permettre à Genève de voir fleurir sur ses murs les mots géants qui sont nés ici et qui ont, depuis, essaimé partout ailleurs.

Vendredi – Une soirée hautement communicative avec
Salam Yousry et Franck NA

Et si notre rapport à la migration, trop souvent affaire de chiffres et de statistiques, passait aussi par un véritable corps à corps ? Et si les voies de l’intégration passaient avant tout par l’art ? Aujourd’hui, de nombreux créateurs d’ici et d’ailleurs montrent de l’intérêt pour travailler avec des migrants, créer avec eux, autour d’eux. Dans le cadre d’Ici c’est ailleurs, l’artiste cairote Salam Yousry (déjà vu en 2014 et 2015) a relevé le défi. L’Échappée belle, spectacle qui conclut une semaine d’atelier avec des requérants à Genève, promet de l’émotion, du partage et des envolées de musique et de danse (18h30).
Presque au même moment (19h) mais quelques étages plus haut (dans la salle de projection du 1er), le réalisateur et photographe Franck NA présente deux courts métrages documentaires qui racontent une expérience fabuleuse : celle de La Banque des Serments. Écumant les forums sociaux et autres rassemblements citoyens entre Montréal, Rio et Genève, ce caméraman-récolteur atypique demande aux personnes qu’il croise de formuler, face caméra, une promesse. Pour le monde, l’environnement, l’économie, soi-même. Cet inventaire joyeux et sérieux des engagements individuels possède des vertus absolument communicatives.

Claude-Inga Barbey et Doris Ittig jouent Femme sauvée par un tableau les 15 et 16 octobre dans les allées du Musée d’art et d’histoire de Genève pendant la Fête du Théâtre.
En direct de Bonlieu Scène nationale Annecy : le jeudi 13 octobre à 18h30, la journaliste Flore Vasseur présente son documentaire Et si les enfants changeaient le monde ?. Suivez la soirée en live stream ici !
Oscar Gómez Mata et sa compagnie L’Alakran présenteront leur création La Conquête de l’Inutile au Teatro Pradillo de Madrid dans le cadre du festival El Lugar sin Limites, du 13 au 16 octobre. Ils seront à Saint-Gervais du 22 novembre au 3 décembre.