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S
oir de décembre à Saint-Gervais. Vous prenez place sur l'une des 33 chaises disposées en cercle au 7e étage de la maison. Moquette neuve, fins voilages blancs, la nuit au dehors. L'ambiance est propice au partage. Une femme, assise près de vous dans le cercle de parole, se lève. Elle se met à raconter, objets à l'appui, l'histoire d'un homme dont elle a découvert l'existence, par fragments, dans une poubelle. L'homme, nous explique-t-elle, n'arrivant pas à trouver sa place dans la société, a choisi de se taire. A tout jamais. Vous oubliez la ville autour de vous, vous écoutez cette femme parler de cet homme au destin singulier, attachant, révoltant.
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Vous êtes au théâtre, la pièce s'appelle Ne plus rien dire, elle a été écrite et mise en scène par Joël Maillard. C'est un joyau. Et c'est à voir jusqu'au 13 décembre.
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Dire ou Ne plus rien dire, telle est la question
par Daniel Vuataz
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Le théâtre, je l'aime lorsqu'il me parle de la société dans laquelle je tente, comme tout le monde, de vivre. Comme tout le monde ? Le « pas de côté » de la pièce théâtrale me fait réaliser que, face aux assauts et agressions du quotidien, les réactions individuelles varient. Il y a quelques semaines, Rodrigo García me mettait une claque avec Daisy ; ses personnages, pour dire leur malaise inguérissable, se lançaient dans des monologues aussi outrageux qu'inoubliables.
Chez Joël Maillard, le personnage principal de Ne plus rien dire se sent lui aussi totalement dépassé. Mais c'est la stratégie inverse qu'il décide d'appliquer : se taire, cesser de parler, se la boucler, faire vœu de silence, devenir muet, à tout jamais. Une décision radicale, avouez-le. Surtout au théâtre. Pourtant, la parole est belle et bien au cœur de ce spectacle, car Ne plus rien dire se déroule dans « une assemblée où l'on vient présenter des projets, de natures diverses, ayant pour point commun leur inachèvement ». C'est donc une tierce personne qui témoigne, une femme tombée par hasard sur les morceaux d'existence de l'homme mutique. Se dessine, en creux, le portrait d'un être acculé au silence. Ne plus rien dire, c'est du théâtre qui promet de poser son empreinte, durablement, sur notre conscience du monde.
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Jusqu'au 13 décembre
Ne plus rien dire
Joël Maillard / SNAUT
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C'est l'histoire d'un homme qui a décidé de se taire…
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N
e plus rien dire est un texte « d'une beauté rare, où le désespoir et le questionnement beckettien de notre présence au monde se ponctuent allègrement de dérision » (Le Courrier). Au centre de ce désespoir, incarnant ce désespoir devrait-on dire, il y a un homme. Qui est-il ? La Lettre a mis la main sur un questionnaire de Proust rempli par ses soins, il y a quelques années… Découvrez en exclusivité l'autoportrait d'un être qui a décidé de se taire.
Ma vertu préférée. Le désespoir bien tempéré.
La qualité que je préfère chez un homme. Son dos.
La qualité que je préfère chez une femme. Sa langue.
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis. Qu'ils ne me posent pas trop de questions.
Mon principal défaut. Les gens ne m'intéressent pas.
Mon occupation préférée. Rêver, que ce soit endormi ou éveillé.
Mon rêve de bonheur. Devenir transparent.
Quel serait mon plus grand malheur ?
Avoir commis une faute grave et être condamné à la prison à perpétuité.
Ce que je voudrais être. Un rentier oisif.
Lire la suite du questionnaire
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Jusqu'au 13 décembre
Ne plus rien dire
Joël Maillard / SNAUT
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