A vouez que l'histoire est grandiose ! Alors que son personnage disparaît de la série R.I.S Police scientifique sur la plus grande chaîne télé française, Michel Voïta se retrouve subitement avec du temps à ne plus savoir qu'en faire. Pour s'occuper, il se met à lire… Proust. Pour lui, d'abord, puis pour les autres, à Vevey, dans le Théâtre des Trois-Quarts en novembre 2013. Il est payé au chapeau. Les dates se multiplient. Puis Voïta lâche le livre, apprend Proust par cœur, commence à

Dire Combray dans toute la Suisse, Proust dans les théâtres, Proust dans les centres culturels, Proust dans les cinémas, Proust dans les hôpitaux, Proust dans les collèges, et même Proust à Paris. La semaine prochaine, il fait étape pour cinq soirs à Saint-Gervais. Autant vous dire qu'on l'attend avec impatience.

par Daniel Vuataz

La Lettre : Proust, il vaut mieux le lire, l'entendre... ou le dire ?
Michel Voïta : A chacun sa religion sur ce sujet. Moi, je postule avec ce Dire Combray que le fait d'entendre ce texte lui apporte quelque chose que la lecture seule ne restitue pas forcément. Je le sais par les émotions qu'il véhicule autant que par sa si singulière construction grammaticale, je l'aborde à bras le corps.

Quelle est la principale qualité de ce spectacle ?
Il rend abordable, aisé et tout à fait compréhensible pour tous ce texte a priori si compliqué. Combien de fois n'avons-nous pas renoncé après quelques pages, se disant qu'on s'y mettrait plus tard, lorsqu'on aurait le temps. Combien de fois n'avons-nous pas tous pris ce livre en vacances, se disant que, cette fois, on allait le lire et… ne l'ayant toujours pas lu au retour des vacances ? Ce spectacle est aussi là pour offrir une passerelle vers Proust. Pour signifier que ce n'est pas aussi obscur et ardu que cela. Je reçois à la sortie du spectacle beaucoup de personnes venant me dire qu'ils allaient la lire, cette Recherche du temps perdu, maintenant.

Et vous, vous l'avez lue en entier… ?
Blaise Cendrars disait, à propos du Transsibérien : « Qu'importe que je l'aie pris ou non si je vous l'ai fait prendre. »

L es spectateurs du Théâtre des Halles (Sierre) et de l'ABC (La Chaux-de-Fonds), où Ne plus rien dire a récemment été montré, ont pu lire ces mots de Joël Maillard, lancés sur une feuille de salle : « Il y a quelques années, j'ai vu un homme jeter un sac rempli de boîtes métalliques dans une poubelle. Je l'ai récupéré, j'ai observé son contenu. Un portrait s'est dessiné. Celui d'un homme dont le seuil de tolérance aux agressions de son époque était si bas qu'il finit par en perdre ses mots. Plus tard, j'ai rencontré une femme qui a connu cet homme. Plus tard encore, j'ai pensé que Ne plus rien dire se déroulerait dans un cercle de parole. Plus précisément, une assemblée fictive où l'on viendrait présenter des projets, de natures diverses, ayant pour point commun leur inachèvement. »
Il s'agira donc d'une histoire rapportée, celle d'un homme, inadapté, qui a décidé de se taire. Des mots pour dire l'absence de mots. Ne plus rien dire arrive dans deux semaines à Saint-Gervais, où il sera présenté dix fois. « Un joyau scénique dont on reste longtemps habité », prévient Le Courrier.

D e passage à Saint-Gervais la semaine passée avec l'inoubliable Daisy, pièce coup de poing humaine trop humaine, Rodrigo García a pris le temps de répondre à nos questions.

La Lettre : Quels souvenirs gardez-vous de Saint-Gervais en particulier et de Genève en général, vous qui venez régulièrement y présenter vos pièces ?
Rodrigo García : J'ai fait environ trente-cinq pièces en vingt-sept ans de travail. J'ai dû en présenter neuf à Saint-Gervais. Il me semble que c'est un privilège pour moi d'avoir été invité tant de fois. Mais de toutes manières, je ne fais pas de distinction, le moment de la création d'une œuvre transcende le lieu. Les créations se font en général dans des villes cultivées pour des gens cultivés. Tout est très clair....

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- Photos -
Première Loge :  © Jérémie Voïta, Billet Signé :  © Jérémie Voïta, Fait Maison :  © Christian Bovey,
Hors Scène :  © droits réservés.