La Lettre de Saint-Gervais
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L'info au vol


Il vous reste jusqu’au 17 décembre pour visiter les deux expositions en cours : celle consacrée aux Sahraouis (Libertés prisonnières, avec la projection du film L’autre côté du mur vendredi 9 décembre à 19h) et celle repensant le design comme discipline engagée (Civic Design ? Civic City, avec une rencontre-débat en compagnie, entre autres, de Ruedi Baur mardi 13 décembre à 17h). Le Courrier a consacré deux articles aux deux expositions : ici et ici.

Première loge


Le joyeux vaisseau de La Conquête de l’Inutile dérive déjà vers l’Arsenic (à voir jusqu’au 11 décembre). Et à Saint-Gervais, comment se décline la suite de la saison ? Au féminin ! Lena Kitsopoulou, l’une des artistes les plus excitantes et imprévisibles de la scène grecque contemporaine, propose une « pièce pour deux personnages et un canapé ». Son titre original (la pièce est jouée en grec, surtitrée en français) est un programme à lui tout seul. On pourrait le traduire de cette façon : « Un jour parmi tant d’autres à Athènes, dans un appartement comme des milliers d’autres, ceux équipés de casiers de sécurité et de canapés confortables, dans un état de grande instabilité. Ou la platitude de l’existence. » Attention, The dullness of being n’est visible que cinq jours, du 13 au 17 décembre. Juste après Noël, c’est un autre théâtre européen, russe cette fois, qui est à la fête, avec l’adaptation très attendue d’Ivanov de Tchekhov par Émilie Charriot (du 10 au 21 janvier).


Billet signé

par Daniel Vuataz

The dullness of being
Lena Kitsopoulou
13 — 17 décembre



« Genève ? Le meilleur atelier-chocolat que je connaisse, dans lequel je peux amener mon esprit couleur merde-cacao, le fondre sur la scène de Saint-Gervais, en tirer le plus délicieux chocolat gréco-suisse puis l’emballer dans du papier à croix, le jeter dans la rivière, m’asseoir sur la rive, regarder la rivière. Et penser à la mer. »


Lena Kitsopoulou

En Savoir +
Billet Signé

Dans le tréfonds des canapés

Lena Kitsopoulou et Saint-Gervais, c’est l’histoire d’une rencontre qui compte. Et qui dure depuis Vive la mariée ! en 2013, première incursion hors de Grèce pour cette auteure-comédienne au souffle puissant et à l’imagination débridée. La marque qu’elle impose ? Un style direct, un réalisme sauvage et une ironie salvatrice. Partageant sa vie entre Athènes et Berlin (où elle a étudié au Deutsches Theater), Lena Kitsopoulou revient en 2015, cette fois pour dévoiler la facette mélancolique de son talent lors de deux soirées « rebetiko ». Les accents enfumés et furieusement libres du répertoire traditionnel, la voix de Lena et les textes qu’elle partage ensuite lors d’une troisième soirée exceptionnelle marquent le public. Mardi prochain, le spectacle proposé (The dullness of being) témoigne de ces deux tendances. Dans une Athènes mise à terre par la crise, un homme et une femme tuent le temps sur un canapé, à la recherche de sens pour leur existence : « Avec tout ce qui arrive, on ne décharge pas assez son énergie, la société tout entière s’est endormie, elle dort, le Grec ne réagit plus, il dort, il ne réagit pas », entend-on d’entrée de jeu. L’électrochoc n’en sera que plus fort…


Fait maison

The dullness of being
Lena Kitsopoulou
13 — 17 décembre




« Tu sais, finalement, c’est ça. Comment une petite chose peut te rendre heureux, quoi. »


The dullness of being


En Savoir +
Fait Maison

Lena Kitsopoulou nous place face à « la platitude de l’existence »

« Je veux faire éclater ma colère parce que je ne suis pas reconnaissante de la vie que je mène. Et je ne veux pas me sentir coupable avec cela. » Quand on interroge la comédienne, metteure en scène et dramaturge grecque la plus en vue du moment sur les sources de son inspiration, l’envie de « tout foutre en l’air » revient forcément à un moment ou à un autre. Comment Lena Kitsopoulou canalise-t-elle cette rage, comment donne-t-elle du sens à cette « platitude de l’existence » ? « Nos discussions incessantes au sujet de choses sans importance, les vêtements, l’argent, la rénovation de nos appartements, notre critique constante des autres gens, leur coupe de cheveux, le gras de leur corps, leurs comportements, la répétition quotidienne et sans fin de ces conversations stériles, tout cela existe parce que nous voulons tous combler nos peurs profondes. Nous vieillissons et nos peurs grandissent elles aussi. » Et Lena Kitsopoulou de conclure, avec ce regard à la fois lointain et tranchant : « Et si la maturité, ça n’était rien d’autre que se montrer de plus en plus effrayé à l’idée de devenir sensible, de pleurer les pertes ? »


Hors scène

Ivanov
Émilie Charriot
10 — 21 janvier



« Parmi toutes les pièces de Tchekhov, Ivanov est celle qui me percute le plus, je la trouve directe, frontale, il y a une forme de brutalité et un côté abrupt qui me plaisent. »


Émilie Charriot


En Savoir +
Hors Scène

Ivanov selon Émilie Charriot

« Ces êtres humains ont été écrits il y a cent vingt ans, et pourtant on pourrait se parler comme cela aujourd’hui. Le rapport au travail, à l’argent, aux grandes questions existentielles, tout cela est resté pareil. » Voilà comment Émilie Charriot raconte son envie de s’attaquer à Ivanov, l’une des premières pièces dans le répertoire de Tchekhov. Ivanov ? C’est un peu l’Hamlet russe, antihéros pour qui son auteur avait développé une vraie tendresse. Ce petit fonctionnaire assiste, impuissant, à la disparition de ses repères. Et voilà que l’inespéré se produit le jour où Sacha, la fille de son voisin, frappe à sa porte. N’a-t-on pas tous droit à une seconde chance ? « C’est bien joli dans les romans, mais dans la vie… », semble demander Émilie Charriot. Plateau nu seulement habillé par la lumière, intrigue resserrée à six personnages, réécritures et coupes, excursions dans les styles et les répertoires, la « patte » de la jeune metteure en scène s’imprime fortement sur la pièce originale. Dévoilé à l’Arsenic le mois passé (voir les critiques de la RTS, du Temps, de La Télé et de L’Auditoire), cet Ivanov nouveau débute le 10 janvier à Saint-Gervais.


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Pendant ce temps

du côté des résidents de Saint-Gervais

Jean-Louis Johannides joue Cercle, une pièce inspirée par Élisée Reclus, au Théâtre du Loup jusqu’au 18 décembre ; Karim Bel Kacem est à la Colline - théâtre national de Paris du 13 au 30 décembre avec Gulliver ; Jérôme Richer poursuit la tournée de Murs à la Comédie de Saint-Étienne du 13 au 15 décembre ; et du côté de Saint-Gervais, le distributeur de couvertures en libre-service fait parler de lui dans La Tribune de Genève.

Photos: Couverture © DR, Billet signé © Myrto Apostolidis, Fait maison © Tomasz Walków, Hors scène © Nora Rupp.