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Les couleurs crues
du polar théâtral de
Marie Fourquet
Daniel Vuataz,
rédacteur à St-Gervais
L'intimité de la salle du 7ème étage de Saint-Gervais convient à merveille au polar de Marie Fourquet. Recouvert d'une toile cirée, le plateau de Mercedes-Benz W123 réfléchit la crudité des néons et le rouge-sang des projecteurs. La maquette miniature d'une maison familiale, filmée et projetée sur grand écran, attise la curiosité. Contre un second écran, des silhouettes noires se détachent et se mettent à parler. Un drame vient d'avoir lieu. Une jeune fille n'aurait pas dû mourir.
Il y a quelque chose de captivant dans cette enquête monologuée. Le fait divers s'y mue en fait de société. Qui a tué Juliette ? Quel rôle ce père si propre sur lui joue-t-il dans l'intrigue ? Pourquoi Thibaut semble-t-il aussi peu touché par la mort de sa sœur ? Où sont passées les femmes ? L'inspecteur chargé de l'enquête a-t-il vraiment toutes les cartes en main ? Sous les piétinements des recherches, une certitude apparaît : personne ne sortira indemne de cette histoire.
Marie Fourquet a écrit Mercedes-Benz W123 en rassemblant des faits divers, en regardant la version danoise de la série The Killing et en pensant à Roméo et Juliette. Il pourrait aussi y avoir un peu du Sanctuaire de Faulkner dans cette embardée psychologique et sociale déconseillée aux moins de 16 ans. On ressort « bluffé » et « sonné » (Le Temps) de cette exploration de la jeunesse actuelle et de ses désirs de transgression. A voir jusqu'à samedi !
Jusqu'au 17 mai
Mercedes-Benz W123
Cie ad-apte, Marie Fourquet
Infos et réservations
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« Ici, c'est la ruche ! »
Les résidents de Saint-Gervais vous donnent rendez-vous le 2 juin
S'il y a une soirée qu'il ne faut pas manquer à Saint-Gervais avant l'été, c'est celle du lundi 2 juin prochain. Pas de pièce ni de conférence programmées ce soir-là, mais une visite guidée de la maison par ceux qui l'occupent le plus souvent, qui y travaillent, qui y créent : les résidents. Sous la conduite de Jérôme Richer, maître d'œuvre de cette édition 2014, neuf artistes liés à Saint-Gervais vous invitent à pénétrer dans leur fabrique : « Dans cette ruche, on ne produit pas que du miel ! » avertit Jérôme Richer avec un grand sourire. « Toute l'année nous travaillons dans ces murs, nous nous croisons dans les bureaux, nous échangeons, nous investissons le lieu. L'idée, c'est de montrer au public ce que nous faisons, concrètement, dans cette résidence. Et en quoi elle nous est nécessaire. »
Pour le 2 juin, Jérôme Richer, Julie Gilbert, Latifa Djerbi, Cosima Weiter, Marie Fourquet, Eric Salama, Philippe Soltermann, Aurélien Patouillard et Cédric Djedje vous concoctent une déambulation par étage ponctuée de textes, de vidéos, de slam, de musique… « Chaque résident aura une dizaine de minutes pour se présenter, lui et son travail. A la fin, nous nous regrouperons autour d'un texte que prépare Cosima Weiter, et la soirée se poursuivra, entre musique et apéro festif, sur la terrasse du 7ème étage. » Parce que le théâtre, dixit Jérôme Richer, « ça doit être un moment de la vie. Pas la vie elle-même. »
Lundi 2 juin, 19h
Soirée des résidents de Saint-Gervais
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Corps de femme
volets deux et trois,
c'est maintenant !
«Sois belle, sois une brute et tais-toi », titre Le Temps avec provocation. Et si « la misogynie n'avait toujours pas quitté les vestiaires ? » renchérit Le Courrier en préambule à Corps de femme, la trilogie théâtrale que Judith Depaule dévoile cette semaine à Saint-Gervais. Trilogie européenne dont le premier volet, bâti autour de la figure de Kamila Skolimowska (championne olympique polonaise du lancer du marteau à Sidney en 2000) a été présenté hier et lundi. Restent quatre occasions de voir les deux dernières étapes du cycle, consacrées respectivement à deux équipes de rugby féminin françaises (ce soir et jeudi), puis à la championne d'haltérophilie turque Nurcan Taylan (vendredi et samedi).
Sur la forme : un théâtre où s'entremêlent éléments documentaires, montages vidéo et performance live de comédiens. Sur le fond : une invitation à reconsidérer tous les clichés et stéréotypes liés au genre et à la hiérarchisation des sexes : « J'ai toujours eu un problème avec la définition de la féminité. Je trouve que c'est une notion absurde », déclarait Judith Depaule au journal Le Monde en 2011. Ce malaise l'a conduite à en explorer les territoires les plus méconnus : le quotidien des sportives d'élite pratiquant des disciplines dites « masculines ».
En écho à la trilogie théâtrale, une exposition vidéo documente jusqu'au 1er juin la scène sportive féminine genevoise et suisse. Cette quatrième variation confirme que, si « le sport a quelque chose de très théâtral » (La Tribune de Genève), il n'a en revanche rien d'exclusivement masculin. De féminin non plus, d'ailleurs.
Jusqu'au 17 mai
Corps de femme
Cie Mabel Octobre – Judith Depaule
Infos et réservations
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