Voir tg STAN sur scène ? Une fête qu'il ne faut pas manquer. Alors imaginez, deux fois le même soir… C'est ce qui arrive à Saint-Gervais dès aujourd'hui, avec du Schnitzler à 19h et du Bergman à 21h ! La prouesse d'Arthur Schnitzler, lorsqu'il écrit Mademoiselle Else en 1924, c'est d'introniser le monologue intérieur comme genre littéraire en soi. Celle de tg STAN, c'est de restituer sur scène, sans décor ni artifice, « toute la puissance intime et politique » de ce texte qui parle des piétinements moraux d'une jeune fille prise au piège, dans sa conscience et dans sa chair, par un homme. Prolonger la soirée avec Après la répétition d'Ingmar Bergman (1984) devient alors une évidence : après le conflit psychologique et les rapports de force, place à l'aveu des sentiments. Ceux d'une (autre) jeune fille pour un (autre) homme plus âgé qu'elle. Quatre soirs avec tg STAN qui comptent double !

Mademoiselle Else
d'après Arthur Schnitzler
du mercredi 26 février au samedi 1^er mars, 19h

Après la répétition
d'après Ingmar Bergman
du mercredi 26 février au samedi 1^er mars, 21h

Diffusés pour la première fois entre le 11 avril et le 16 mai 1973, au moment même où la Suède rendait légal le divorce « sans agrément mutuel des deux conjoints », les 6 épisodes du feuilleton télévisuel Scènes de la vie conjugale d'Ingmar Bergman firent autant recette que scandale : et pour cause, on les accusa d'avoir contribué à l'augmentation spectaculaire du taux national de divorce… La version cinématographique, présentée l'année suivante à New York (et raccourcie de moitié), rencontra un joli succès à l'international (Golden Globe du meilleur film étranger en 1975).

Pour Ingmar Bergman, marié cinq fois, quatre fois divorcé, il s'agissait d'exploiter une situation très simple, corvéable à merci et garantissant de savoureux dialogues : le couple ! « Avons-nous raté quelque chose d'important ? » se demandent Johan et Marianne, les deux protagonistes de Scènes de la vie conjugale, ensemble depuis 13 ans, parents de deux enfants, propriétaires de deux voitures, de deux maisons… Eux qui pensaient avoir « réussi » leur mariage, les voilà héros amers d'une explosion programmée. Une agonie, plutôt, puisque l'intrigue s'étire sur plusieurs décennies.

Adaptée en 1981 pour la scène par Bergman lui-même, c'est dans les mains habiles des Belges de tg STAN que ce petit bijou de cohabitation humaine réapparaît. On peut faire confiance à Frank Vercruyssen et à sa partenaire Ruth Vega Fernandez pour que la finesse d'analyse du cinéaste et metteur en scène suédois soit restituée – et sublimée – sur la scène de Saint-Gervais. Un huis clos à découvrir la semaine prochaine !

« C'est moi. C'est Juliette. Martin ? T'es où ? Pourquoi tu réponds pas ? Martin ça fait deux heures que j'essaie de te joindre. T'es chez Léa Steiner ? C'est ça ?

     Martin, c'est encore moi. T'es où ? Réponds s'il te plaît. Mon frère m'a dit que vous alliez là-bas ce soir. J'ai vu que tout le monde allait à cette fête. Martin, délire pas, s'il te plaît.

     Oui c'est toujours moi. Martin ! Ça me rend dingue. Martin ! Je veux te voir, c'est pas possible, je vais devenir cinglée si je te vois plus. Je t'aime, tu me manques, je veux juste te parler, laisse-moi juste te parler. Martin ! Martin ça me rend folle de te perdre ! Décroche ! Merde ! Tu sais où je suis, là ? Je suis dans la Benz de mon père.

     Martin, ça va pas du tout, je suis en train de devenir dingue. Je fais n'importe quoi, là. Faut que tu me rappelles. Rappelle-moi s'il te plaît.

     Martin ! Je suis perdue. Je comprends pas pourquoi tu me fais ça. Va pas chez Léa. S'il te plaît. Rappelle-moi. Martin. Je t'aime. »

Chaque semaine jusqu'au mercredi 30 avril (date de la Première de Mercedes-Benz W123 à Saint-Gervais), nous vous faisons découvrir une pièce du puzzle théâtral de Marie Fourquet. Le pitch de ce polar en préparation ? Juliette, une jeune fille de 16 ans, est retrouvée morte dans une voiture…

Corps de femme, ce sera un triptyque joué à Saint-Gervais du 12 au 17 mai. A contre-courant des idées reçues, Judith Depaule a filmé et interrogé pour cette création des sportives internationales qui excellent dans des disciplines… inattendues : le lancer du marteau, le rugby, l'haltérophilie. Chaque athlète fera l'objet d'une pièce autonome. Trois récits de femmes pour dépoussiérer nos systèmes de valeur et de classification souvent paresseux.

En guise de teaser, pour impliquer le public mais aussi pour accompagner et prolonger les spectacles de Corps de femme, Judith Depaule a appliqué sa démarche documentaire et artistique à la scène sportive suisse. Une enquête vidéo sera présentée durant trois semaines (du 6 au 25 mai) dans les salles d'exposition de Saint-Gervais. On y découvrira une dizaine de portraits de sportives d'élite (pratiquant le taekwondo, le hockey sur glace, la lutte, le tir à l'arc, la pétanque…) dans une mise en scène interactive : à l'aide de 4 iPads synchronisés, le public naviguera à sa guise de gros plans en vues d'ensemble, de scènes d'entraînement en interviews, constatant par lui même au-travers de ces images forcément complexes et fragmentées que, dans le mot individu, il ne faut surtout pas entendre indivisible.

Des conférences-débats, des ateliers dans les classes et l'édition d'un DVD documentaire destiné au tout-public enrichiront la démarche. Pour que la réalité des discriminations sociales et génériques, envisagées sous l'angle de l'art et de la citoyenneté, devienne un sujet de discussion enthousiasmant. Au même titre que le sport.

Du 6 au 25 mai
Le corps sportif au féminin,
une enquête vidéo de Judith Depaule en Suisse

Du 12 au 17 mai
Corps de femme
Compagnie Mabel Octobre – Judith Depaule

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