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Trouver l’espérance alors que la peur règne. Voilà le fin mot de La damnation de Faustino de Claude-Inga Barbey, à l’affiche depuis mardi. La résonance avec l’actualité, tristement mondiale (attentats à Paris) ou spécifiquement genevoise (grève du secteur public), frappe. Car la question de la terreur, aujourd’hui, appelle les réponses de l’éducation et de la culture. Et dans ce domaine, le service public (le théâtre en fait aussi partie !) n’a pas seulement un rôle à jouer, mais bel et bien une fonction à remplir : « La meilleure réponse au terrorisme est à chercher dans ce qui mobilise la fonction publique à revendiquer des moyens pour éduquer », déclarait ces jours Claude-Inga Barbey dans La Tribune de Genève. Avant d’ajouter : « On dit partout que la culture coûte trop cher, mais a-t-on réfléchi à ce que coûte l’ignorance ? »

Claude-Inga Barbey était hier l’invitée du 12h45 sur la RTS1, ainsi que de la nouvelle émission La grande lessive toute la semaine sur la même chaîne.

Découvrez ce que la presse dit de La damnation de Faustino dans La Tribune de Genève, Le Matin Dimanche et le supplément culturel Sortir.

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La damnation de Faustino parle certes de peurs, mais c’est avant tout une pièce de Claude-Inga Barbey… Ce qui implique de l’humour à revendre ! « On est six sur scène, tous des vieux ! Alors quand on se met à danser et chanter comme dans une comédie musicale, cela vaut le détour », assure-t-elle dans Le Matin Dimanche.

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par Claude-Inga Barbey
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Grève, terrorisme et fonction publique

Mardi, c’était la première de La damnation de Faustino à Saint-Gervais. Mais aussi une nouvelle journée de grève à Genève. Dans l’actualité, les attentats de Paris occupent toujours la une. Claude-Inga Barbey raconte, dans sa chronique parue le 22 novembre dans Le Matin, comment, pour elle, tout est lié.

« La semaine dernière, l’école de mon fils a fermé trois jours entiers pour cause de grève de la fonction publique. (…) La semaine dernière, donc, mon fils est resté seul à la maison du matin au soir durant trois longues journées, hors de mon contrôle. Je ne sais pas ce qu’il a fait, ni combien de temps il a passé sur son téléphone ou devant son jeu en ligne avec du rap gangsta dans les oreilles. Ça m’a totalement déstabilisée. Je me suis dit : « Je fais ma part !… Que ces profs qui sont grassement payés et qui ont trois mois de vacances par année fassent leur boulot aussi. Est-ce que je fais la grève moi ? » Réaction instinctive un peu primaire je l’avoue, mais justifiée par l’angoisse de l’imaginer livré à lui-même, et libre de surfer sur le net toute la journée en pyjama au milieu d’un tas de paquets de chips vides.

Et puis je lis qu’un des responsables des attentats de Paris est un petit délinquant de l’Essonne. Il a dû aller à l’école aussi, non ? Ces classes de banlieues surpeuplées, ces profs désabusés qui sombrent dans la dépression. Ces effectifs de trente élèves par classe où on n’a même pas le temps de les appeler par leurs prénoms. Dans les écoles genevoises, il y a environ vingt élèves par classe. Pour l’instant. Mais avec les restrictions budgétaires prévues par l’État, ces effectifs devraient nettement augmenter. Dans l’école de

mon fils, il y a déjà cent élèves de plus et cinq enseignants de moins que l’année passée. Dans sa classe, il y a un Chappuis et un Barbey pour dix huit Pinto ou Hamdaoui. Mais il y a pour l’instant, des enseignants engagés qui défendent des valeurs de respect et de liberté d’expression. (…) Pour l’instant, aucun de ces enfants n’est laissé de côté, négligé, oublié. Tout est à peu près "sous contrôle". Comme chez moi quand tout roule.

En fait, ma crainte c’est que le petit Barbey soit un jour noyé dans la masse, livré à lui-même, qu’il soit recruté par le djihad sur Instagram, et qu’il aille se faire exploser pendant un concert d’Alain Morisod au stade de la Praille. Tout ça parce que Barbey mère, dans une sorte de course à la survie, dépassée par les exigences économiques du système, impôts, primes d’assurance, aurait perdu le contrôle de ce qui se passe sous son toit.

Alors par pitié ! Qu’on continue à les payer grassement, ces profs, parce que ce sont eux qui sont en train, depuis une semaine, d’expliquer au petit Barbey qu’un amalgame ce n’est pas seulement un pansement sur une dent abîmée, mais aussi un pansement provisoire sur la peur de l’autre. Ce sont eux qui sont en train de prouver par A+B au petit Pinto que le petit Hamdaoui est musulman, certes, mais qu’il n’a pas changé depuis vendredi dernier. Que le voile de Jasmina, c’est comme la croix d’Andreia, et que si Jésus était mort noyé, on aurait tous une baignoire autour du cou. Je pense même qu’il faudrait un prof par élève, et qu’il vienne enseigner à la maison, à la table de ma cuisine, puisque bientôt, je n’aurai plus le temps ni les moyens de le faire moi-même. »

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La culture coûte cher ? Essayez l’ignorance

Les artistes et acteurs culturels genevois, eux aussi menacés par les projets de coupes dans les budgets de l’État de Genève en 2016, ont décidé de s'associer au mouvement de grève du service public. A la suite des trois jours de grèves massives à la mi-novembre, de nouvelles manifestations ont été organisées mardi et mercredi. Philippe Macasdar était de la partie. Coup de fil au directeur de Saint-Gervais au lendemain de la première journée :

« L’important pour nous, gens d’art et de théâtre, est de se montrer présents aux côtés des personnes qui œuvrent dans la fonction publique. Car notre théâtre travaille de manière conjointe avec les classes, les élèves, les enseignants. En voulant déprécier les conditions de travail des médecins, des instituteurs, des travailleurs sociaux, c'est le rôle de ces acteurs essentiels de notre

société qui est remis en cause. Or, nous pensons que l'art remplit une mission tout aussi importante. Nous revendiquons que le théâtre est d’utilité publique, que sa fonction est également sociale. Et qui dit « fonction publique » dit « responsabilité » et « rôle à jouer ». Pour exercer cette responsabilité dans les conditions les meilleures, nous avons besoin de moyens appropriés.

Nous constatons avec inquiétude que les États démissionnent de plus en plus de leurs responsabilités. Il faut corriger cela ! Le système de la subvention accordée aux lieux et acteurs culturels n’est pas un oreiller de paresse, il est un contrepoids essentiel, dans une démocratie comme la nôtre, aux logiques de rentabilité et de productivité. La culture coûte cher ? Essayez l’ignorance. »

Visitez la page de « La culture lutte » et venez gonfler le mouvement.

« A quoi peut bien servir l’art ? », conférence-débat avec Olivier Neveux, jeudi 3 décembre 2015 à 20h30 au théâtre de l’Usine.
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Coup de projecteur sur un créateur lumière

« Ça fait toujours plaisir quand quelqu’un s’intéresse à nos métiers de l’ombre ! » Jean-Michel Broillet n’hésite pas à tacler d’entrée de jeu. Et on ne peut que lui donner raison : après 23 saisons passées à la direction technique du théâtre du Grütli, des dizaines de scénographies et de créations lumière à son actif, force est de constater que les feux de la rampe sont plus souvent dirigés sur les comédiens et les metteurs en scène que sur ces « artistes des coulisses ».

Forcément passionné d’images, Jean-Michel Broillet a eu l’idée de la scénographie de La damnation de Faustino en prenant une cuisinière

miniature en photo. « J’aime travailler avec Claude-Inga Barbey parce qu’elle me fait entièrement confiance. Je propose, ensuite elle fait la moue pour me faire comprendre ce qu’elle en pense… » L’enjeu, dans cette pièce à rebondissements, était de concilier tous les lieux de l’histoire sur un même plateau. « Je me suis dirigé vers un décor symbolique qui raconte à la fois le cadre calme et un peu éteint des EMS et la violence sourde de ces véritables mouroirs ». Éléments mobiles qui évoquent la danse et la navigation, teinte vert d’eau apaisante, plancher en bois de caisses : « J’envisage ce décor et ces lumières comme un ensemble de sensations. »

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Pendant ce temps...

… du côté des résidents de Saint-Gervais : Avant de ranger définitivement leur sac à dos pour les fêtes, et après un mois de novembre intense entre Lausanne et Paris (voir la revue de presse) François Gremaud reprend trois épisodes de sa Conférence de Choses avec Pierre Mifsud au Petithéâtre de Sion, les jeudi 3 décembre à 19h, vendredi 4 décembre à 20h30 et samedi 5 décembre à 19h.

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