Les faits sont terribles : Othello, général maure au service de la république de Venise, assassine sa jeune épouse Desdémone qu’il croit infidèle. Les graines du doute, semées par Iago dans l’esprit de son supérieur, provoquent l’emballement de la machine tragique. Comment un homme aussi intelligent et avisé qu’Othello peut-il perdre aussi vite la raison face aux grossiers artifices d’une rhétorique perfide ? L’irrationnel et ses conséquences seront bel et bien au centre de

la mise en scène d’Eric Salama, à découvrir dans une semaine très exactement. « Le texte de Shakespeare, il suffit de le partager avec le spectateur pour qu’il révèle instantanément des trésors d’intelligence, d’humour, d’humanisme et de modernité », confie le résident de Saint-Gervais. Un spectacle qui touche en plein cœur, une distribution resserrée autour de cinq comédien-ne-s d’exception (Piera Bellato, Marie Probst, Elodie Weber, Ahmed Belbachir et Vincent Bonillo), des questions qui nous regardent de près… Vivement le 15 avril !

Découvrez ici les images des répétitions et l’interview de Piera Bellato par Alain Guerry.

Philippe Macasdar

G érard Guillaumat vient de nous quitter, le 4 avril, samedi de Pâques. Depuis les années 60, cet immense artiste a été actif sur pratiquement toutes les scènes genevoises : Petit-Casino, Théâtre de Carouge, Théâtre Pitoëff, Théâtre de Poche, Théâtre du Grütli et, ces dernières années, on a même pu le voir et l’entendre dans des lieux improbables, squats et autres fêtes de quartier, entraîné par sa compagne Isabelle Chladek, comédienne et metteure en scène.
Trois générations de spectateurs guettaient avec impatience son retour à Genève, où il bénéficiait d’une forte notoriété. Il y revenait donc toujours avec un grand plaisir.
A Saint-Gervais, depuis 1995, il y a foulé la scène une centaine de fois. Voilà quelques mots pour saluer la trajectoire unique de ce grand et discret monsieur.

Qui a joué Beaumarchais, Dostoïevski, Ionesco, Molière, Tchekhov, Gatti, Dumas, Racine, Planchon, Shakespeare… ? Qui a (ra)conté Dickens, Maupassant, Prévert, Rimbaud, Hugo, Emmanuel Bove, Sartre, Louis Arti, Lapointe, Cohen, Beckett, Genet… ? Quel est le point commun entre les metteurs en scène Jean Dasté, Gabriel Monnet, Roger Planchon, François Bourgeat, Patrice Chéreau, Bruno Boëglin, Robert Gironès, Dominique Bagouet, Jérôme Savary, Jean-Louis Martinelli, Jean-Louis Hourdin, Michèle Foucher, Isabelle Chladek… ?

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Cher Alfred,

Etonnant le titre de votre pièce : L’âne et le ruisseau. En cherchant son origine, j’ai découvert qu’elle faisait partie d’un genre littéraire, le proverbe. Il était d’usage, dans les salons, de faire des joutes d’écriture de pièce, à partir de proverbe – ici en l’occurrence, il s’agit d’une fable. Il paraît que le titre n’était pas donné, et que c’était aux spectateurs, en assistant à la représentation, de découvrir la morale que le texte illustrait. J’ai retrouvé (chez un dénommé Père Desbillons) la fable dont vous vous êtes inspiré pour L’âne et le ruisseau et vous la livre pour vos vacances de Pâques, tout en me demandant : la peur d’agir viendrait-elle d’un excédent de raisonnement ?

Celine Bolomey

- Photos -
Première Loge :  © Isabelle Meister, Billet Signé :  © Isabelle Meister, Fait Maison :  © droits réservés.