Mémoires blessées, sixième du nom, débute ce soir (17h) avec une triple évocation du thème de la frontière. L'historien Marc Vuilleumier parlera du tracé franco-genevois au 19^ème siècle alors que le géographe Bernard Debarbieux discutera aménagement du territoire. La projection du film Mémoires de la frontière (20h), de Bernard Romy et Claude Torracinta (en présence de ce dernier) conclura cette soirée thématique qui s'annonce à la fois actuelle, critique et instructive. Un buffet est prévu.
Demain (jeudi 30 janvier, 18h) aura lieu le vernissage du déambulatoire photographique de Philippe Ducros.

«La poésie présente l'objet afin de susciter la sensation. Elle doit être très précise sur l'objet et réticente sur l'émotion. » C'est ce que déclarait le poète américain Charles Reznikoff (1894-1976), l'auteur de Testimony : The United-States 1885-1890, recueil de 450 poèmes et immense météore de la littérature du 20^ème siècle. Cette somme poétique puise son propos, très littéralement, dans les minutes de procès qui se sont tenus sur deux décennies de boom migratoire et industriel aux Etats-Unis, à cheval entre le 19^ème et le 20^ème siècle. On y suit, dans des chapitres tantôt intitulés « Incidents du travail », « Scènes de la vie privée », « Les Noirs » ou « Les bâtards », les destinées froidement tragiques de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants victimes de la grande machine à broyer américaine. Au bout des histoires et des jugements, le plus souvent, la mort.

Reprendre au théâtre cette impressionnante matière est un pari qu'a relevé le metteur en scène Henri Jules Julien dès 2011, en France et en Belgique. Pour la première fois en Suisse, et trois soirs uniquement, Testimony, récitatif fait entendre les dépositions de ces anonymes de l'Histoire. Sur scène, la parole de Victor Ponomarev et le piano préparé de Sophie Agnel se livrent un mano a mano orageux. Et de la matière brute, documentaire, émerge l'émotion. « Un miracle », dit Télérama, « Féroce et tourmenté », écrit L'Humanité. « Tout à fait bouleversant », conclut Les Inrocks.

À Saint-Gervais en 2014, ils ne sont pas moins de neuf compagnies ou artistes à bénéficier d'une résidence. Cette Newsletter vous tient au courant de leurs activités, vous décrit les diverses étapes de création de leurs prochains spectacles.

En ce moment, Marie Fourquet répète avec la compagnie ad-apte une pièce qu'elle a écrit « en rassemblant des faits divers, en regardant version danoise de la série The Killing et en pensant surtout à Roméo et Juliette ». Il pourrait aussi y avoir un peu du Sanctuaire de Faulkner dans cette aventure adolescente « aux implications psychologiques et sociales ».

D'abord présentée à l'Arsenic (11-16 mars), la pièce, Mercedes-Benz W123, sera jouée à Saint-Gervais du 30 avril au 17 mai prochains.

Le point de départ, c'est l'envie de faire du polar. Ou au moins de « mener une enquête, proposer une vraie intrigue ». Le pitch est efficace : à la suite d'une affaire affreusement banale (Juliette, une jeune fille de seize ans, est découverte morte dans une Mercedes-Benz W123), une inspectrice (Marie Fourquet elle-même) tente de délier les langues. Les spectateurs n'auront à disposition que les témoignages des hommes proches de Juliette (le père et le frère, joués par Pierre Banderet et Tomas Gonzalez) pour reconstituer le meurtre. A suivre de très près.

Du 30 avril au 17 mai
Mercedes-Benz W123
Marie Fourquet, cie ad-apte

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Ils étaient à Saint-Gervais en septembre pour présenter of/niet de Harold Pinter et Alan Ayckbourn. Ils sont à la fois extrêmement doués et génialement ludiques (« tg », c'est l'abréviation de « toneelspelersgezelschap » : « compagnie de joueurs de théâtre » en français). L'acronyme de leur troupe est un programme en soi : Stop Thinking About Names ! Demandée à travers toute l'Europe, adepte de la contre-lecture, compagnie « de répertoire » capable de proposer plusieurs dizaines de spectacles en même temps et véritable « corps étranger » du théâtre (c'est Luk van den Dries qui le dit), tg STAN revient à Saint-Gervais en février et mars. Et plutôt trois fois qu'une.

Du 26 février au 1^er mars, tg STAN présentera les mêmes soirs Mademoiselle Else d'Arthur Schnitzler (19h) et Après la répétition d'Ingmar Bergman (21h), avant de revenir du 4 au 8 mars pour les Scènes de la vie conjugale d'Ingmar Bergman. Trois adaptations d'œuvres de ténors de la psychologie et de l'observation sociale. Trois tête-à-tête intimes. Trois occasions de voir Frank Vercruyssen et ses partenaires (Alma Palacios, Georgia Scalliet et Ruth Vega Fernandez) jouer sur scène, au propre sens du terme !

Du 26 février au 1^er mars
Mademoiselle Else
tg STAN, Arthur Schnitzler
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Du 26 février au 1^er mars
Après la répétition
tg STAN, Ingmar Bergman
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Du 4 au 8 mars
Scènes de la vie conjugale
tg STAN, Ingmar Bergman
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