Place au polar ! Marie Fourquet s'installe, après une halte samedi à Delémont, pour quinze dates au 7^ème étage de Saint-Gervais. Développé dans le cadre du concours Textes-en-Scènes, Mercedes-Benz W123 propulse le théâtre dans le monde de l'enquête policière : l'intrigue imaginée par Marie Fourquet commence sur la découverte d'un corps dans une voiture, celui de Juliette, seize ans, tuée un soir d'été. Son père, son frère et l'inspecteur chargé de l'enquête règlent leurs comptes sur scène. Qu'est-il arrivé à Juliette ? A qui appartient la Mercedes ? Le texte, inspiré de faits divers et de séries télévisées, veut « montrer les choses telles qu'elles sont ». Un théâtre captivant, social et réaliste qui commence mardi prochain à Saint-Gervais.

Du 30 avril au 17 mai, Mercedes-Benz W123, Cie ad-apte, Marie Fourquet

Dans son « Sport Spectacle Projet » en préparation (voir La Lettre n°18), Karim Bel Kacem s'attaque à un objet sérieux et pourtant très amusant : « Le sport est un terrain d'observation du comportement humain (on y retrouve le pouvoir, la manipulation, le respect des règles…), mais c'est aussi un lieu dans lequel le sérieux se transforme rapidement en burlesque. Il n'y a rien de plus drôle que la découverte d'une nouvelle discipline par hasard à la télévision… » Faut-il aimer le sport pour décider d'en parler au théâtre ? Le résident de Saint-Gervais ne cache en tout cas pas son côté « fan de foot et lecteur de L'Equipe ». Ne pas être dupe de son objet d'étude, voilà ce qui lui importe : « J'ai rapidement eu le sentiment que j'allais utiliser l'art pour dire quelque chose du monde. Pour moi l'œuvre n'est pas l'endroit du militantisme, mais celui de l'engagement. C'est une nuance importante. »

De même que sa dissection des mécaniques du sport sera mise au service d'un propos avant tout politique, les moyens mis en œuvre (vidéo, performance, spectacle) ne représenteront pas des fins en soi. Polyvalent, rassembleur, formé au jeu puis à l'art-action et à l'installation, Karim Bel Kacem ne cherche pas à se situer sur la scène contemporaine : « J'aime élargir le champ d'expérimentation à d'autres arts, d'autres techniques, d'autres lieux, mais le pivot de mon travail reste le théâtre. » Et qui dit jeu dit public : « Etre populaire, ce n'est pas un gros mot ! Personne n'a envie de jouer devant une salle vide, juste pour un concept. » Au théâtre comme au stade !

« Il y a toujours les analyses ADN. L'enquête est au point mort. Sans issue. Si je me plonge dans le dossier je ne peux que constater. Nos ratés. Nos dysfonctionnements. Vices de procédure. Inexploitable. Alors je m'entends dire aux parents. Il faut attendre les résultats des analyses ADN. Je leur pose le saint graal devant les yeux. Ce qui, à la base, n'est qu'un outil technique devient alors l'Enquête. Eux, touchent le néant. Ils sont imprégnés de cette horreur, ça les définit. La mère de Juliette, mère de la petite qui a été violée, assassinée. Affaire non élucidée. La preuve indiscutable que Dieu n'existe pas. Devenir un fait divers. Moi alors je te parle de traces ADN. Enfin exploitables. Ça donne un sens à tout ça. Au fond de ton trou, je te rends la lumière, je te dis qu'il faut attendre les résultats des analyses ADN. »

« Ils font entendre des voix éphémères et singulières, parfois proches du slam, parfois graves, souvent grinçantes et décalées, toujours sensibles. (…) Ces auteurs-là semblent être des performeurs nés. La spontanéité du geste est communicative » (mouvement.net). De qui parle-t-on ? Des cinq membres du collectif « Nous sommes vivants », qui rassemble aux côtés d'Antoinette Rychner pas moins de quatre résidents actuels de Saint-Gervais : Julie Gilbert, Marie Fourquet, Jérôme Richer et Philippe Soltermann.

Ce printemps, leurs activités sont florissantes. On vous a préparé le programme idéal. C'est Julie Gilbert qui ouvre les feux, avec Paradise Now !, une pièce sur le bonheur qu'elle vient d'écrire et qui sera présentée le 29 avril à Ouchy par la compagnie Voix Publique. Le lendemain, pleins feux sur Marie Fourquet à Saint-Gervais pour percer les secrets de Mercedes-Benz W123. Le 2 mai, départ pour Montréal, où Jérôme Richer et Antoinette Rychner représentent le collectif lors de la bouillonnante Soirée des manifestes. Retour à Genève, le même soir, pour voir Philippe Soltermann jouer dans Et il n'en restera plus aucun, l'adaptation des Dix petits nègres d'Agatha Christie par Robert Sandoz au Théâtre de Carouge…

Vous êtes encore vivants ? Le collectif au grand complet vous donne finalement rendez-vous le 10 mai, à Meyrin, pour une déambulation textuelle écrite à dix mains. Le mouvement, c'est la vie.