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Christian Geffroy Schlittler se saisit de Dom Juan
Daniel Vuataz,
rédacteur à St-Gervais
Après son entreprise de Libération des grands classiques (2008) et ses Utopies sur la mise en scène (2009-2011), il est tentant de voir la nouvelle création de Christian Geffroy Schlittler, C'est une affaire entre le ciel et moi, comme la mise en pratique de ses interrogations de fond (« Que faire des grands textes ? ») et de forme (« Comment rendre à la création théâtrale sa dimension collective ? »).
Pour ce qui est de la forme, sa réécriture du Dom Juan de Molière présentée dans trois semaines à Saint-Gervais ne comportera… pas un mot de Molière ! C. Geffroy Schlittler sait que les « créateurs-interprètes » sont une « réalité sociologique » : sur son plateau collaborent activement, et sur un pied d'égalité, comédiens, scénographes, costumiers… Les premiers essais autour de Dom Juan remontent à 2011. Résultat : le texte, dans un premier temps pulvérisé, s'est naturellement reconstitué en « quelque chose d'autre, à la fois très proche et assez éloigné de Molière. » Au chapitre des apports extérieurs, notons par exemple aux côtés de Dom Juan et Sganarelle la présence d'un nouveau personnage, Doña Ana (emprunté à Tirso de Molina). Quant à la scénographie, annonce C. Geffroy Schlittler, elle sera « plutôt années 60-70, même s'il y aura des incursions dans d'autres époques ».
Pourquoi transposer Dom Juan dans ces années ? C'est sur ce point que la forme rejoint le fond : « Les années 60-70 sont les décennies des grandes révolutions individuelles, féministes et religieuses… Trois problématiques au cœur de ma réappropriation de Dom Juan. » C'est une affaire entre le ciel et moi sera donc une affaire… entre Dom Juan et chacun d'entre nous.
Du 1er au 18 avril
C'est une affaire entre le ciel et moi
L'Agence Louis-François Pinagot
Christian Geffroy Schlittler
Infos et réservations
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Dans les phares de la
Mercedes-Benz W123 :
les pièces à conviction
de Marie Fourquet
Épisode 3/10
Le frère de la victime…
« Le 3 août, j'étais à une soirée. Chez Léa Steiner. Des dizaines de personnes étaient là. Vous m'avez déjà posé la question. J'ai déjà répondu. Je suis rentré vers 2 heures. Oui, du matin. Oui ! Donc le 4 août 2013 à 2 heures du matin ! Parfois en période d'examens. Pourquoi posez-vous cette question ? Oui je consomme de l'alcool. Je n'ai pas vu ma sœur. Oui Martin était avec moi. Non, Juliette n'était pas là-bas. Je ne sais pas. Je n'ai pas vu ma sœur, pas touché ma sœur, pas violé ma sœur. Je reste calme car je ne me sens pas concerné. Des stupéfiants ? Non ! J'ai dit c'est stupéfiant ! Celui-là est vraiment un crétin ! Je suis calme. Excusez-moi. Excusez-moi. Oui, Oui. Amphétamines. J'ai déjà répondu. Oui, proche, parfois, je ne sais pas, vous êtes proche de votre sœur, vous ? Affecté ? Je ne sais pas. Rien remarqué, non. Oui ma chambre est en face de la sienne. Rien entendu. Je vous dis que je n'ai pas le permis de conduire. Non, rien. Je ne sais même pas la sortir du garage. »
Chaque semaine jusqu'au mercredi 30 avril (date de la Première de Mercedes-Benz W123 à Saint-Gervais), nous vous faisons découvrir une pièce du puzzle théâtral de Marie Fourquet. Le pitch de ce polar actuellement présenté à l'Arsenic ? Juliette, une jeune fille de 16 ans, est retrouvée morte dans une voiture…
Du 30 avril au 17 mai
Mercedes-Benz W123
Cie ad-apte - Marie Fourquet
Infos et réservations
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Jérôme Richer en
cercles concentriques
Le mois de mars sera celui de Jérôme Richer. Résident de Saint-Gervais avec sa Compagnie des Ombres depuis 2009, l'auteur et metteur en scène voit son nom simultanément à l'affiche en Suisse, en France et aux Etats-Unis.
La Suisse d'abord : après L'Oriental à Vevey et le 2.21 à Lausanne, c'est au tour de l'Echandole à Yverdon de programmer sa mise en scène de Haute-Autriche (13 et 14 mars). Dans cette comédie dramatique de Franz-Xaver Kroetz (Oberösterreich, 1972, traduit par Claude Yersin), un couple ordinaire se noie dans le conformisme auquel il aspire. Consommateurs automatiques, plus existants que vivants, les deux jeunes adultes ont de la poudre aux yeux et des slogans plein la bouche…
La France ensuite. Le Festival des francophonies en Limousin a invité Jérôme Richer à lire Mon corps dans la bataille du 21 au 25 mars. Un texte qui dit le monde à travers le prisme de l'autofiction : « Mais c'est aussi la possibilité d'approfondir une démarche entre théâtre et musique ou comment retrouver sur une scène de théâtre la vitalité qui anime certains concerts rock. » Notez qu'on retrouve les auteurs Antoinette Rychner et Antoine Jaccoud dans cette programmation très Swiss friendly.
Les USA, finalement. Ecorces (prix de la SSA en 2008, créé au Poche en 2010 par Eric Devanthéry) devient Barks à Boston le 16 mars, dans une mise en scène de Guy Ben-Aharon. La traduction est signée Kerstin Mercer. C'est le Consulat suisse de Boston qui offre à Jérôme Richer les honneurs de cette 2nde édition des « Swiss Stage » (après le Dog Paddle/Schwimmen wie Hunde de Reto Finger en 2013). Une opportunité pour des auteurs suisses d'être traduits et joués outre-Atlantique.
Alors, ce mois de mars, vous êtes plutôt Suisse, France ou Etats-Unis ?
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