Dans votre cuisine trônent les reliefs d’un succulent poulet fermier mijoté à l’ancienne. En quoi diffèrent-ils de la carcasse désossée d’un volatile rejeté par une usine de production de nuggets ? Arrêtons-nous un instant pour parler viande. Formons, avec ces bouches qui nous servent aussi à manger, des mots pour parler éthique animale, relation affective à la nourriture et réalité industrielle de la production mondialisée. Tentons de restaurer, avec les dents, le lien entre ce que l’on profère et ce que l’on ingère. La question de la consommation de la viande est devenue inévitable. Sujet de débat passionné, c’est notre modernité dans toute sa complexité et sa schizophrénie.

Sur scène, Jean-Louis Johannides et Vincent Coppey manient les discours avec finesse et humour, retournant les arguments « pro » et « anti » pour leur fouiller les entrailles. Au milieu d’une riche documentation, l’inquiétante culpabilité du carnivore assoupi fait surface, la part animale du végétarien émerge. Sommes-nous tous dépassés ? Une navigation drolatique dans les eaux troubles de l’inconscient, une exploration aussi passionnelle que rationnelle des voies contradictoires qui mènent de la tête au ventre.