« Avez-vous vu l’impressionnant Ahmed Belbachir camper Othello à Saint-Gervais ? Avez-vous assisté au jeu de dupe que Vincent Bonillo, alias Iago, livre sur le Maure de Venise  depuis deux semaines ? Avez-vous frémi au sacrifice de l'adorable Desdémone, jouée avec passion par Piera Bellato ? Avez-vous suivi Marie Probst et Elodie Weber enchaîner les rôles d'hommes et de femmes dans l’étourdissante tragédie de Shakespare ? Il vous reste encore deux soirs pour le faire ! « Les classiques sont une sorte de mesure du temps, ils nous permettent de réfléchir sur nous-mêmes » assure le metteur en scène Eric Salama. Rendez-vous mercredi et jeudi soir à Saint-Gervais.

par Celine Bolomey

L e saviez-vous : une des grandes différences entre les grands singes et nous, c’est que bien qu’ils vivent aussi des histoires d’amour, eux ne chercheront jamais à les raconter. Nous partageons le même inconscient biologique mais pour notre part, l’inconscient imaginaire nous pousse au romantisme ! Alors pour piquer le vôtre, nous lançons un concours de lettres d’amour.
Et pour ne pas s’arrêter là et continuer à parler d’amour en attendant la Première de L’âne et le ruisseau (12 mai), je vous livre la vidéo de Manon, rencontrée à deux pas du théâtre. Je vous attends toujours les mercredis et jeudis de 14h à 16h (réservation à mediation@saintgervais.ch) au café restau La Réplique. Et nous parlerons d’amour avec Musset, Rohmer, Brassens, Al Green, et surtout nous-mêmes. Pour finir, si vous manquez d’inspiration, voici simplement La recette de l’amour fou:

Dans un boudoir, introduisez un cœur bien tendre
Sur canapé laissez s’asseoir et se détendre
Versez une larme de porto, et puis mettez-vous au piano
Jouez Chopin avec dédain
Egrenez vos accords et puis s’il s’endort
Alors-là jettez-le dehors !

Le second soir, faites revenir ce cœur bien tendre
Faites mijoter trois bons quarts d’heure à vous attendre
Et s’il n'est pas encore parti, soyez-en sûre c’est qu’il est cuit
Sans vous trahir, laissez frémir
Faites attendre encore, mais s’il s’endort
Alors-là jettez-le dehors !

Serge Gainsbourg

« Il n’y a pas d’amour. Il n’y a que des preuves d’amour » disait le poète Pierre Reverdy il y a un siècle. Les quatre protagonistes de la comédie de Musset, L’âne et le ruisseau, à voir dans deux semaines à Saint-Gervais, sont-ils prisonniers de cette nuance-là ? Ils se débattent en tout cas avec l’amour et ses contraintes… Repris par tant de grands amoureux au fil des décennies, l’aphorisme de Reverdy est un encouragement à… écrire des lettres d’amour ! Musset en usait personnellement. Et vous ? A l’heure des messages instantanés et des pouces levés, la pratique est-elle démodée ?
Prouvez-nous que non ! Saint-Gervais lance un concours de lettres d’amour. Envoyez vos lettres réelles ou inventées, manuscrites ou dactylographiées par courrier ou par mail, ou apportez-nous vos lettres les mercredis 6 et 13 mai à 19h30 au café La Réplique. Elles seront lues par leurs auteur-e-s ou par l’équipe du Théâtre, selon votre préférence. Les auteur-e-s des lettres les plus applaudies recevront des invitations pour le spectacle. N’oubliez donc pas de nous laisser votre adresse ! Et de faire preuve d’amour.

« Si tu voyais comment ils déchirent un paquet pour trouver une lettre à l’intérieur. Hier on a coupé à quelqu’un une boulette de viande hachée en deux pour y trouver une lettre, chez un autre un gâteau, dans les boîtes de lithinés, de médicaments, en un mot, je ne pense pas que ta lettre puisse passer. Nous sommes pour l’humanité les éclaireurs de l’avenir. Ton Zysman à jamais qui t’aime plus que sa vie. »
Voilà les mots que Zysman Wenig, 29 ans, écrit à sa femme depuis le camp d’internement de Pithiviers, près de Paris. Nous sommes en mars 1942, et le jeune juif d’origine polonaise ignore que son calvaire ne fait que commencer… « C’est avant tout la nécessité de témoigner devant la jeune génération qui me pousse à présenter Je reviendrai. Il ne s’agit pas d’un spectacle mais l’évocation personnelle d’une parole de survivant des camps d’extermination » écrit Carlo Brandt, qui a choisi la sobriété des escaliers du Collège Rousseau pour donner à voir et à entendre le récit de cet homme exceptionnel mort il y a un an et demi à l’âge de 101 ans. Dans la bouche de Carlo Brandt, le calvaire et la ténacité, l’amour de la famille et la foi de Zysman Wenig regagnent toute leur urgente réalité.

- Photos -
Première Loge :  © Isabelle Meister, Billet Signé :  © droits réservés, Fait Maison :  © droits réservés,
Hors Scène :  © Olivier Michoud.