Deux stars à Saint-Gervais ! Les « Woody Allen et Yolande Moreau » du théâtre romand débarquent mardi prochain. On veut bien sûr parler de Claude-Inga Barbey et de Doris Ittig. La première joue le rôle d'un ange sans scrupules venu sur Terre pour convertir la seconde, quinquagénaire en pleine crise. La rencontre entre les deux femmes a lieu dans une buanderie publique. Laverie Paradis, créé au Théâtre du Pré aux Moines à Cossonay cet hiver, est « une fable mordante sur la dégringolade humaine et la foi » (Le Temps). Une pièce divinement drôle, mais pas seulement : « J'ai l'impression que le message passe beaucoup mieux si on fait rire les gens… On peut faire passer des choses très graves avec le rire », annonce Claude-Inga Barbey (dans La Gruyère). Venez le voir pour le croire !

Du 27 mai au 14 juin, Laverie Paradis
Cie Sans Scrupules, Claude-Inga Barbey et Doris Ittig

En 2009, au journaliste Pascal Rebetez, qui est aussi son éditeur, Claude-Inga Barbey déclarait : « Je fais ce que je veux et je n'ai rien à perdre ! » Elles sont rares, les artistes qui occupent en toute liberté une place aussi privilégiée dans le cœur du public. Claude-Inga ? Vous l'avez forcément entendue à la radio, dans les années 1990 avec « Les Dicodeurs », à la télé dans « Le Fond de la corbeille », au théâtre en compagnie de Marc Donnet-Monay, Claude Blanc, Daniel Rausis, Doris Ittig… Vous êtes forcément tombé sur l'une de ses chroniques dans le Matin dimanche. Vous avez peut-être lu l'un de ses livres, tous parus aux éditions d'autre part : Petite dépression centrée sur le jardin, Les Petits Arrangements… Et puis, vous vous souvenez évidemment de Monique et Roger, le couple mythique de la série Bergamote (avec Patrick Lapp), lancée d'abord à la radio sur un principe d'improvisation continuelle puis adaptée pour la scène dans cinq pièces à succès montées entre 1998 et 2011. Une sixième est en cours…

C'est justement sur l'une de ces créations (Bergamote, le temps des cerises, 2004) que Doris Ittig a rejoint Claude-Inga. Les deux comparses, aujourd'hui plus proches que jamais (elles sont toutes deux, depuis un an, grand-mères de… la même petite-fille !), fouleront ensemble pour la première fois les planches de Saint-Gervais. Laverie Paradis, c'est le nouveau spectacle d'une Claude-Inga « récemment touchée par la foi ». Qui n'a plus rien à perdre, donc, mais encore beaucoup à donner !

Vous saviez qu'il y avait un jardin potager au 7^ème étage de Saint-Gervais ? Sur la terrasse qui domine la ville, le printemps bat son plein. Les trois beaux pieds de tomates verdissent, les soucis ont déjà repoussé, la mélisse ne demande qu'une petite coupe, la menthe et la lavande répandent leurs odeurs dans les salles de répétition. Cette année, grâce aux mains vertes de notre jardinière en cheffe Sandra Irsapoullé, basilic thaï, persil, coriandre, tournesols, concombres-cornichons, poivrons giallo, pois chiches, bourraches et têtes de dragon sont venus enrichir le potager urbain.

Vous saviez que deux étages au-dessous des jardins, au 5^ème, il y avait les bureaux des auteurs en résidence ? Ils y vaquent, y créent, y font pousser leurs textes et leurs spectacles dans des conditions privilégiées. Ce lieu est leur maison. Mais qu'y font-ils vraiment ? Avec la saison théâtrale qui s'achève, ils vous convient le lundi 2 juin prochain à venir découvrir de plus près leur quotidien. Dès 19h, Latifa Djerbi, Philippe Soltermann, Cosima Weiter, Julie Gilbert, Aurélien Patouillard, Jérôme Richer et Eric Salama font le tour du propriétaire en musique, slam, théâtre et performance. Des comédiens de Trop frais !, de Kreuger's business et plusieurs musiciens se joindront à eux dans cette soirée qui s'annonce remuante. Pour finir en beauté, dès 22h30 et en musique, un buffet se tiendra sur la terrasse du 7^ème étage. Entre les plans de tomates et le basilic thaï, une nuit de la culture !

«Là ces jours, comme tous les précédents, je dors dans une petite chambre rue El-Gadida El-Borsa, prise entre Talaat Harb et Qasr El-Nil, qui sont deux des plus bruyantes avenues marchandes de Downtown. Les marchands hurlent jusque tard dans la nuit. Je suis chez Salam Yousry, un des trois invités de mars. J'ai revu Sondos Shabayek et Hassan El Geretly aussi.

Au milieu des mégaphones, des animaux malingres, des klaxons, des milliers de visages, des regards, des infirmes, sur les routes noires où marchent des ânes, tant d'hommes et moins de femmes, et pas le moindre touriste ; où passent des pastèques, des pots de terre, Welcome to Egypt ! non-stop. Quand je pars trois heures en avance j'arrive à l'heure à mes rendez-vous. Tout me brutalise sans me mener au dégoût. Je ne me pose pas la question de fuir. Je remplis des carnets. On parle peu des élections toutes proches. Sauf ceux qui ont à s'en réjouir. Sauf les étrangers. Sauf quelques personnages tenants d'une grande théorie du complot. Et ceux pour qui c'est un simple : temps de chien, hein ! Peut-être y a-t-il une gêne. Ou une lassitude.

Les artistes que je côtoie Downtown parlent de leur travail. Beaucoup ne voteront pas. J'avoue que j'interroge peu. Parce que je pense peu. Les signaux qui d'ordinaire me servent à m'orienter et à choisir ne me parviennent pas. Je ne sais pas de quoi je suis témoin. Cela viendra plus tard. Pour le moment, je m'efforce de regarder sans vouloir reconnaître. »