|
|
Le même jour que la première de Lenz (25 avril), mais juste avant (18h), se vernit l’exposition consacrée aux photos prises par Jean Mohr à Saint-Gervais, en présence du photographe aujourd’hui nonagénaire. Trois jours plus tard (28 avril) débute, en plein air sur la place de Saint-Gervais, une autre exposition : celle des photos de La Ligne, dont le spectacle du même nom commence le 9 mai.
|
|
Aujourd’hui, on parlerait d’une « mise en fiction d’un fait divers », on insisterait sur les raisons qui poussèrent un homme à quitter la civilisation pour « renouer avec lui-même » en pleine nature. Lorsque le très jeune Büchner, il y a bientôt deux siècles, tombe sur cet épisode véridique de la vie tragique du dramaturge Jakob Lenz, il y voit la matière d’un récit capable de toucher chacun en profondeur. La nouvelle qu’il écrit d’un seul jet, et qu’il n’achèvera jamais (Büchner mourra l’année suivante à l’âge de 23 ans), demeure l’un des textes les plus magnétisants de la littérature moderne. Dès mardi prochain (25 avril), il faut venir entendre Lenz à travers la voix de Matteo Zimmermann ; entendre, mais aussi voir, grâce au danseur Alidou Yanogo, et ressentir, par l’entremise de l’univers sonore développé par John Menoud. Un rendez-vous physique et sensoriel avec un texte qui marque ceux qui le découvrent.
|
|
|
|
Billet signé
|
par Daniel Vuataz
|
Lenz
Collectif Dantor's Conspiracy
25 avril — 13 mai
|
|
|
« Nous lisons la Bible, nous lisons des magazines, nous lisons Dante, Bukowski, le mode d’emploi du téléviseur. Nous respirons. Mangeons. Dormons. Nous écoutons la pluie tomber, nos pas dans la neige, la musique de Bach, le bruit des avions. Notre cœur est là. »
Collectif Dantor’s Conspiracy
|
|
|
|
Lenz, de la page à la scène
J’ai entendu parler d’eux parce qu’ils lisent du Bukowski dans des caves, du Pessoa dans des cafés, du Döblin sur les scènes genevoises. Une réputation d’artistes aussi intenses que généreux les précède. Dans leurs performances, texte et musique ouvrent des chemins électrisants vers l’émotion. Ensuite, je les ai croisés, au hasard d’une pause café à Saint-Gervais. Eux, ce sont le comédien Matteo Zimmermann et le musicien John Menoud, piliers du Collectif Dantor’s Conspiracy. Un nom qui rappelle une dangereuse vierge noire. Quand on lit « un spectacle sur Lenz », on ne pense pas tout de suite à l’instinct rock, à la vigueur vaudou, à la fois iconoclaste et révérencieuse, qui caractérise le duo. Accompagnés par le danseur burkinabé Alidou Yanogo et par Julie Cloux à la collaboration artistique, ils créent à Saint-Gervais une version intégrale du chef-d’œuvre de Büchner. « À l’origine, le poète est celui qui se tourne vers ses semblables pour leur adresser leur propre parole », m’a dit Matteo Zimmermann. « Lenz comme une conjuration médiumnique et alchimique, pour sortir de l’obscurité en invoquant les bons esprits », a ajouté John Menoud. On a hâte ! |
|
|
|
|
|
Jean Mohr revisité par Claude-Inga Barbey et Doris Ittig
« Je veux raconter une histoire simple sur l’art, parce que j’ai souvent confondu les bouches d’aération avec les œuvres d’art contemporaines et que c’est assez humiliant… » Voilà, pour Claude-Inga Barbey, le point de départ d’une aventure à la croisée du théâtre et des beaux-arts. Première contrainte : jouer dans une salle d’exposition, au milieu du public. Seconde contrainte : en s’inspirant directement des œuvres, tisser une histoire à la fois personnelle et universelle. « L’art a des choses à nous dire, il suffit de savoir interpréter », promet Doris Ittig, la complice de longue date. Femme sauvée par un tableau prend donc pour cadre l’exposition Jean Mohr – Tours et détours du Théâtre Saint-Gervais. Des centaines de photographies en noir et blanc qui racontent, côté scène et côté coulisses, dix ans de fourmillement et de vie. Les deux comédiennes y incarnent une visiteuse apparemment égarée et une guide professionnelle. Toutes les deux vont faire face à des révélations inattendues… Sous nos yeux, et ceux des habitants de Saint-Gervais saisis sur le vif par Jean Mohr.
|
|
|
|
|
|
Philippe Macasdar sur scène en Sganarelle, c’est trois soirs à Bonlieu !
Sganarelle est un prophète. Chacune de ses apparitions est un événement. Sganarelle est un médium, un médecin qui s’ignore, il est toujours « malgré lui ». Sganarelle est un battant. Il est le dernier qui puisse encore insuffler du mouvement à l’inanimé. En mai 2017, Sganarelle est Philippe Macasdar. Ou inversement. C’est un événement à plusieurs titres. Après avoir récemment contribué à la mise en scène de No Body Is God d’Ahmed Belbachir, Philippe Macasdar poursuit son retour vers les planches. Mis en scène par Marielle Pinsard dans un monologue écrit à quatre mains, le directeur de Saint-Gervais se glisse dans la peau de l’héritier direct du mémorable personnage de Molière, pour raconter une histoire qui brasse le limon mystérieux et riche du théâtre : une ville, le « bon lieu », les secrets du lac, un manifeste oublié, une fille muette, un cerf ébouriffé, un vieillard qui parle l’arpitan et quelques spectres qui dansent comme des fous sur de la musique techno… À Annecy comme à Lausanne (pour une reprise en juin à l’Arsenic), des choses vont ressortir du lac. Nous ferions bien d’écouter ce qu’elles ont à nous dire. |
|
|
|
Photos:
Couverture © DR,
Billet signé © Bartek Sozanski,
Fait maison © Jean Mohr,
Hors scène © DR.
|
|
|
|